Contes populaires, poésies, chansons, métiers et savoir-faires traditionnels, cérémonies religieuses, sociales et autres rituels, musiques, danses, théâtre… il faut bien reconnaître, qu'en matière de patrimoine immatériel, l'Algérie possède un immense réservoir, encore à l'état vierge, et qui, aujourd'hui, suscite un intérêt accru de la part des pouvoirs publics, manifestement décidés à mettre à l'abri de l'usure et de l'oubli, ces pans entiers de notre culture identitaire. Quelques semaines après l'audition par le président de la République de la ministre de la Culture, autour du secteur qu'elle dirige, où la question de la sauvegarde du patrimoine culturel, dans ses deux expressions matérielle et immatérielle, fut placée au cœur du sujet, et suite à la journée d'étude récemment organisée au Centre national des recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah) traitant des voies et moyens à suivre pour la préservation de ce riche patrimoine, Mme Khalida Toumi a procédé, mardi dernier, à l'installation d'une banque de données relative au patrimoine culturel national immatériel. L'information a été rapportée par l'Agence presse service (APS) citant M. Slimane Hachi, directeur du Cnrpah organisme auquel fut confiée la tâche. «L'alimentation de la banque de données, explique le préhistorien, sera assurée par les chercheurs du Cnrpah et le réseau de chercheurs et d'universitaires chargés d'assurer le suivi de la collecte des informations, leur mise en forme et leur validation scientifique», précisant que cette opération se fera de façon régulière et permanente. Aussitôt créée, c'est déjà le brans-le-bas de combat au sein du centre scientifique. Sans attendre, M. Hachi parle de la confection, incessamment, d'un annuaire réunissant les chercheurs concernés, et d'une urgente formation d'enquêteurs de terrain. «Le savoir dans le domaine du patrimoine culturel immatériel, ajoute le directeur du Cnrpah, est déjà disponible au centre et dans les universités sous forme d'ouvrages, d'articles, de films, de documentation, d'enregistrements, de thèses et de mémoires. De toute cette matière, les chercheurs extrairont des informations qui seront injectées dans la banque de données». M. Hachi a fait savoir, en outre, que le centre travaillera en étroite collaboration avec les directions de la Culture des quarante-huit wilayas du pays et mettra aussi à contribution ses annexes de Aïn M'lila, Béjaïa, Djelfa, El Bayadh, Boussaâda, Tiaret et Tébessa. Il a également souligné l'apport des musées et des parcs nationaux de l'Ahaggar, du Tassili, d'Adrar, de Tindouf et celui de l'Atlas saharien. Fraichement mise sur pied, il faut dire que l'idée de sa création remonte déjà à quelque temps, puisque sur le terrain une vaste opération visant la transcription et l'enregistrement thématique des expressions culturelles, traditionnelles et populaires, a été engagée par la tutelle (voir le site web du ministère : m-culture.gov.dz). «L'Algérie, explique-t-on dans la présentation du projet, société à dimensions multiples, vaste par son étendue géographique, est un pays riche de par ses héritages culturels, à la fois matériels et immatériels, disséminés à travers l'ensemble du territoire (…). Il incombe au secteur de la culture de prendre en charge ces biens culturels dans leur intégralité, à travers le recensement, l'identification , la protection, la sécurisation, la revalorisation, la promotion et la sensibilisation en direction du large public». L'Algérie qui compte, à son actif, sept sites classés patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco (La Casbah d'Alger, la vallée du M'Zab, le Parc National du Tassili, le site de Tipasa, Qalâa Beni Hammad, site de Djemila et Timgad), a adhéré à la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de la même organisation, adoptée à Paris le 17 octobre 2003. Résultat des courses : classement en 2005 de l'Ahellil comme chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité.