Trésor n Les chants sacrés relevant du patrimoine immatériel sont menacés de disparition. Lors de la 33e conférence organisée par l?Unesco, qui s?est tenue récemment à Paris et portant sur le projet de convention sur la protection de la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques, Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, a formulé les intentions de notre pays : créer en Algérie, un centre régional du patrimoine immatériel. Ce centre s?assignerait comme principale mission de collecter les bien culturels immatériels, de les prendre en charge en vue de les préserver et les réhabiliter de manière à les inscrire dans la durée, c?est-à-dire d?assurer leur pérennité en les transmettant aux générations futures. Cette institution constituerait un grand apport dans la préservation de notre patrimoine immatériel, patrimoine qui, d?année en année, est menacé de perdition. A relever parmi ces biens culturels immatériels les chants liturgiques. Ces poèmes anciens ou med'h déclamés à la gloire du Prophète lors des célébrations religieuses, notamment au cours du mois de ramadan, sont menacés de disparition, selon des spécialistes, si des efforts ne sont pas déployés pour rassembler ce patrimoine oral et de le transcrire. Plusieurs poèmes de cet art ancestral ont d?ailleurs disparu. Ismaïl Henni, président de l'association Inchirah d'Alger de musique arabo-andalouse, se désole de cet état de fait et déplore le manque d?intérêt prêté à ce trésor culturel. Aussi, tient-il à lancer un appel pressant «afin de mettre ce trésor à la disposition des chercheurs et des associations dans le but de le transcrire et de le sauvegarder.» Les associations en charge de ce patrimoine, ne bénéficient pas de soutien conséquent de la part des instances publiques pour les encourager à perpétuer ce genre culturel afin de le sauvegarder pour la postérité, et cela à travers les festivals (aussi bien nationaux qu?internationaux), comme c?est le cas au Maroc où tous les deux ans est organisé, à Fez, le festival du med?h ou du chant sacré. Mais il ne faut pas perdre espoir parce que l?Office national des droits d?auteurs et droits voisins travaille actuellement, en collaboration avec plusieurs associations spécialisées dans le med?h, à la collecte de ce patrimoine pour sa transcription, à l'exemple de ce qui a été réalisé pour les autres genres de poésie populaire comme le chaâbi, el-malhoun (bédouin), l'andalou et l'imzad. Mais la préservation du patrimoine immatériel algérien ne doit pas se limiter seulement au chant populaire ou à la poésie. Ce souci de conservation devrait concerner également les contes et d?autres formes d?expression orale, ainsi que les pratiques traditionnelles, comme les rites et les us. En fait, tout ce qui est susceptible de refléter notre identité culturelle et notre comportement social.