10 heures 47. A Reghaïa, l'un des plus importants quartiers de la banlieue Est de la capitale, est calme. Des enfants, profitant d'une (précieuse) journée de repos décrétée pour la circonstance, jouent au ballon. Les adultes vaquent à leurs occupations quotidiennes. Au marché, l'affluence est très importante. Dans les arrêts de buts, elle l'est nettement moins. « Pas besoin de faire la navette à Alger où je travaille, c'est un jour férié réservé pour l'élection », nous dira un quinquagénaire à l'arrêt de bus à l'entrée de la ville de Reghaïa. « J'attends l'après-midi pour accomplir mon devoir électoral à l'école primaire Ali-Khodja », renchérit-il. Et c'est dans cette école très connue pour son emplacement stratégique à l'intérieur de la cité DNC, la plus populaire de la région, que nous commençons notre tournée dans les établissements de vote. L'affluence n'est pas importante. Les bureaux destinées aux femmes n'enregistrent pas un grand flux. « Normal », nous dira Rachid, chef du bureau. « Il faut s'attendre à une présence assez marquée de la gent féminine dans l'après-midi. Les femmes sont occupées aux travaux domestiques. Elles préfèrent prendre soin de la maison avant d'aller mettre l'enveloppe dans l'urne. J'ai travaillé dans plusieurs opérations de vote, j'ai toujours remarqué que les femmes préfèrent accomplir le devoir électoral l'après-midi », analyse Rachid. A ce moment précis, une vieille dame fait son apparition, un couffin à la main. C'est hadja Rabehi Boulali. En dépit du poids des années (80 ans), Hadja Rabehi donne l'exemple en votant pour le candidat de son choix. Un exemple de civisme. « Je ne supporte pas voir mon pays objet de dérapages et de menaces. Nous avons trop souffert, il n'est pas question de céder devant les aventuriers. J'ai voté pour mes enfants, pour leur avenir », estime Hadja Rabehi, la voix à peine audible. Pour les électeurs masculins, leur affluence est nettement plus importante, a-t-on constaté sur place. Ali, Tayeb, Lyès ou Mohamed, les jeunes semblent visiblement conscients de l'enjeu de ce rendez-vous. « Je me rappelle à peine de la décennie noire. Mais je sais bien qu'un citoyen, un vrai, doit absolument accomplir ce devoir. Libre aux votants de choisir leur candidat, moi, en tout cas, je suis pour la stabilité. C'est le seul moyen pour espérer continuer notre développement », souligne Mohamed dont la réflexion est largement partagée par Ali, Tayeb et Lyès, tous des universitaires. Le décor est le même dans tous les centres de vote que nous avons visités à Boudouaou et Rouiba. « Sérénité, sécurité et bonne organisation » L'opération est marquée par une bonne organisation sur tous les plans. « Comme vous pouvez l'apercevoir, les conditions sont tout simplement normales. Rien à signaler. Les bureaux sont ouverts pour accueillir les votants. La sécurité est assurée. Aucun dépassement », nous dira Rachid, chef du bureau au centre Ali-Khodja. Mohamed et Nesrine, représentants respectivement des candidats Ali Benflis et Abdelaziz Bouteflika, partagent cet avis : « Tout marche selon les normes. Bonne organisation, sérénité et sécurité. Espérons que cela continue comme ça jusqu'à la fin du scrutin ». Pour sa part, le chef de centre à l'école Saïd-Idrissi de Boudouaou, Kamel El Korchi, souligne : « Nous sommes satisfaits des conditions marquant cette présidentielle dans notre centre. Toutes les mesures nécessaires pour un bon déroulement de cette opération ont été prises ». El Korchi est allé jusqu'à prévoir un taux de participation de 60 % dans son centre qui affichait un pourcentage de 23 % à 12h 45.