Offensive ■ «L'opération antiterroriste» lancée hier par les forces du gouvernement pro-européen d'Ukraine contre des insurgés armés pro-russes dans l'est du pays a fait «des morts et des blessés des deux côtés». C'est ce qu'a annoncé le ministre de l'Intérieur. «De notre côté, un officier du SBU (services de sécurité, a été tué)», écrit Arsen Avakov sur sa page Facebook, évoquant également cinq blessés chez les loyalistes. «Chez les séparatistes, un nombre non déterminé» de victimes, poursuit le ministre. Le ministre affirme que «les séparatistes se cachent derrière les populations civiles utilisées comme boucliers humains» et que «les forces du SBU se regroupent». De nombreux civils pro-russes s'étaient volontairement rassemblés autour du commissariat tenu par les insurgés pour défendre les lieux. Le gouvernement ukrainien pro-européen, confronté à des insurrections armées pro-russes faisant craindre l'éclatement du pays, a lancé une opération «antiterroriste» de reconquête à hauts risques. «Des unités de toutes les forces du pays participent. Que Dieu soit avec nous», écrit le ministre sur sa page Facebook, avant de recommander un peu plus tard aux habitants de «ne pas sortir et se tenir éloignés des fenêtres». Des hélicoptères survolaient la ville à basse altitude. Une épaisse colonne de fumée noire s'élevait. Hier soir, M. Avakov avait dénoncé une «agression» russe, après une série d'attaques visiblement cordonnées lancées tout au long de la journée contre des bâtiments publics dans l'Est russophone, frontalier de la Russie. Il avait évoqué des combats dans plusieurs localités, sans faire état de victimes. Tôt hier matin, des hommes armés étaient repassés à l'offensive dans l'Est, prenant quasiment le contrôle de la localité de Slaviansk, située à égale distance des trois principales villes de la région, Kharkiv, Donetsk et Lougansk, qui ont toutes connu des mouvements pro-russes. Ces nouveaux assauts surviennent six jours après une première série d'attaques à l'issue desquelles les séparatistes avaient proclamé une «république souveraine», tout en ne contrôlant que deux bâtiments publics à Donetsk et Lougansk. Les assaillants de Slaviansk, en treillis sans insigne, casqués et masqués, ont hissé le drapeau russe. Des centaines de sympathisants se sont rassemblés à proximité, scandant «Russie ! Russie !». Aucune présence policière n'était visible et la maire de la ville, Nelly Chtepa, a apporté le soutien de la population aux assaillants, selon elle, venus de Donetsk. A l'issue d'une première série de soulèvements le 6 avril, des insurgés pro-russes avaient proclamé à Donetsk, grande ville de l'Est, une «république souveraine», tout en ne contrôlant alors que deux bâtiments. Ils réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum une «fédéralisation» de la Constitution ukrainienne pour donner de grands pouvoirs aux régions. Le gouvernement de Kiev refuse, y voyant la porte ouverte à un éclatement du pays, et accepte seulement une «décentralisation». La Russie a mis en garde le gouvernement ukrainien contre toute répression sanglante des troubles. Moscou dément toute responsabilité dans les troubles et M. Lavrov a de nouveau affirmé hier que Moscou n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions orientales de l'Ukraine.