Le gouvernement pro-européen de Kiev a lancé hier une opération de «reconquête» contre la ville est-ukrainienne de Slaviansk Le gouvernement ukrainien pro-européen, confronté à des insurrections armées des Ukrainiens russophones, faisant craindre l'éclatement du pays, a lancé hier une opération «antiterroriste» de reconquête. «Une opération antiterroriste a débuté à Slaviansk», une des villes de l'Est de l'Ukraine visées samedi par les attaques de groupes armés pro-russes, a annoncé sur sa page Facebook Arsen Avakov, ministre de l'Intérieur du gouvernement intérimaire. Le ministre a ensuite fait état de «morts et blessés des deux côtés», un tué et cinq blessés côté loyalistes et «un nombre non déterminé» chez les séparatistes. Selon lui, les forces loyalistes «se regroupent». Les assaillants, bien équipés et organisés mais ne portant aucun insigne et présentés comme des milices locales, avaient pris samedi le contrôle des bâtiments de la police et des services de sécurité. Des hélicoptères survolaient la localité de quelque 100.000 habitants à basse altitude. Des habitants, notamment des femmes, étaient massés dans le froid sous de fines averses devant les barricades proches du commissariat pour défendre les lieux. M. Avakov a pour sa part écrit que les assaillants «se cachent derrière les populations civiles utilisées comme boucliers humains». A l'issue d'une première série de soulèvements le 6 avril, des insurgés russophones avaient proclamé à Donetsk, grande ville de l'Est, une «république souveraine», tout en ne contrôlant alors que deux bâtiments. Ils réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum une «fédéralisation» de la Constitution ukrainienne pour donner de grands pouvoirs aux régions. Le gouvernement de Kiev refuse, y voyant la porte ouverte à un éclatement du pays, et accepte seulement une «décentralisation». Le gouvernement ukrainien était par ailleurs pressé par les militants pro-européens ou nationalistes, dont ceux du Pravy Sektor (extrême droite) qualifiés de «fascistes» par Moscou, de réagir. Washington a lancé samedi soir un avertissement aux Russes. Dénonçant des attaques «orchestrées et synchronisées», le secrétaire d'Etat John Kerry a averti son homologue Sergueï Lavrov que Moscou devrait faire face à des «conséquences supplémentaires» si la tension ne retombe pas et si les troupes russes ne se retirent pas de la frontière. Moscou dément toute responsabilité dans les troubles et M. Lavrov a de nouveau affirmé samedi que Moscou n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions orientales de l'Ukraine. Se déclarant «très inquiet» face aux «risques croissants d'affrontements violents», le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a de son côté appelé tous les protagonistes à «faire preuve du maximum de retenue» et à dialoguer pour faire baisser la tension. Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a appelé pour sa part appelé hier la Russie a «cesser» ses actions de déstabilisation en Ukraine et à mis en garde contre toute ingérence militaire. «Je suis extrêmement préoccupé par la nouvelle escalade des tensions et par les violences concertées dans l'Est de l'Ukraine», a-t-il déclaré dans un communiqué. «J'appelle la Russie a apaiser les tensions et à retirer les très nombreuses troupes, notamment les forces spéciales présentes dans les zones proches de la frontière» avec l'Ukraine. «Toute nouvelle ingérence militaire, sous quelque prétexte que ce soit, aura pour conséquence d'isoler davantage la Russie sur la scène internationale», a-t-il mis en garde. Des pourparlers Russie/Ukraine/Etats-Unis/Union européenne sont justement annoncés pour jeudi prochain à Genève, mais la Russie a douché samedi cette lueur d'optimisme en affirmant que rien n'était en fait arrêté, notamment le «format» des discussions. Moscou a insisté pour que les pro-russes puissent être représentés et exposer leurs «intérêts légitimes».