Le chef de la diplomatie russe a toutefois indiqué, hier, qu'une «désescalade de la crise ukrainienne était tout à fait possible» si les tentatives de légitimer les autorités de Maïdan, étaient abandonnées. Le ton est encore monté entre Occidentaux et Russes, menacés de nouvelles sanctions, alors que le Premier ministre ukrainien tentait hier de désamorcer le face-à-face avec les séparatistes pro-russes que Kiev a menacé de déloger par la force. C'est dans ce contexte que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a prévenu hier que la stabilité de l'Europe est menacée par la montée des sentiments antirusses en lien avec le conflit en Ukraine, appelant Kiev à mener de «réelles réformes» pour sortir de la crise. «Actuellement, l'incitation à des sentiments antirusses sur fond de montée du racisme et de la xénophobie dans de nombreux pays de l'Union européenne, de l'augmentation du nombre de groupes ultra-nationalistes et de la complaisance envers le néonazisme, que ce soit en Ukraine ou ailleurs, menace de manière évidente la stabilité européenne», a-t-il déclaré, cité par l'agence Ria Novosti M.Lavrov a salué la tenue de pourparlers à quatre - Etats-Unis, Russie, Ukraine, Union européenne -, prévus la semaine prochaine, (à Vienne ou Genève). «Nous nous félicitons des récents changements dans la position de l'UE et des appels à une consultation entre la Russie et l'UE et les pays partenaires», a-t-il souligné. «Nous sommes prêts pour cela, y compris à aborder les questions liées au message du président Poutine envoyé aux dirigeants des pays européens, qui reçoivent du gaz russe par transit via l'Ukraine», a-t-il poursuivi. Il a également indiqué qu'une «désescalade de la crise ukrainienne était tout à fait possible» si les tentatives de légitimer les autorités de Maïdan, haut lieu des manifestations pro-européennes dans le centre de Kiev, étaient abandonnées. Jeudi, le président Vladimir Poutine a mis en demeure les Européens d'assurer le paiement des milliards de dette de l'Ukraine, faute de quoi leur approvisionnement en gaz serait menacé. Son homologue américain Barack Obama a aussitôt rétorqué qu'une escalade de la situation en Ukraine conduirait à de nouvelles sanctions américaines et européennes contre Moscou Dans cette atmosphère de tension, le premier ministre pro-européen de Kiev, Arseni Iatseniouk, s'est rendu à Donetsk (est) pour tenter de trouver une issue à l'insurrection de quelques milliers d'activistes pro-russes, qui menace d'aggraver encore une situation ayant dégénéré en la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide. M.Poutine, qui a promis de protéger «à tout prix» les populations russes de l'ex-URSS, a mis en garde le nouveau pouvoir de Kiev, que Moscou ne reconnaît pas, contre tout acte «irréparable». Le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov avait menacé les séparatistes qui ne déposeraient pas les armes d'une solution de force, faisant encore monter la tension, mais M.Iatseniouk est venu hier offrir des garanties, qui risquent toutefois de ne pas satisfaire les plus radicaux des pro-russes. Jeudi, le gouvernement avait déjà offert une amnistie à ceux qui déposeraient les armes. Le Premier ministre a promis «d'équilibrer les pouvoirs entre le pouvoir central et les régions» et s'est engagé à ne toucher «sous aucun prétexte» aux lois garantissant le statut des langues autres que l'ukrainien. Mas les séparatistes, exigent une «fédéralisation» de la Constitution ukrainienne, ce que refuse le pouvoir pro-européen de Kiev, qui y voit la porte ouverte à un éclatement du pays. Aucun contact direct avec les insurgés n'était prévu, mais Rinat Akhmetov, oligarque et homme le plus riche du pays, qui fut longtemps un des principaux soutiens de l'ancien pouvoir pro-russe, participait aux discussions, assurant que «la seule issue est la voie des négociations».