La crise syrienne entamerait-elle, aujourd'hui, premier jour de dépôt des candidatures à l'élection présidentielle prévue cet été, le début de sa fin ? A voir la situation sur le terrain, malgré l'acharnement de certaines pays occidentaux et arabes, on serait tenté de répondre par l'affirmative. Si l'armée va de victoire en victoire : Alep, au nord-ouest, Homs dans le centre, Maaloula, la ville chrétienne..., le gouvernement qui a promis de laisser en liberté les rebelles qui se rendent s'ils n'ont pas commis de crime et s'engagent à ne plus porter d'armes et à ne plus attenter à la sécurité du pays, reçoit depuis quelques semaines des dizaines de repentis. « Il y a un tournant dans la crise au niveau militaire et des exploits permanents réalisés par l'armée dans sa lutte contre le terrorisme, et au niveau social qui concerne la réconciliation nationale », déclare le président Bachar al-Assad, lundi dernier, lors d'une conférence à la Faculté des Sciences politiques de Damas. « L'Etat cherche à ramener la sécurité et la stabilité d'abord dans les régions importantes attaquées par les terroristes. Il s'attaquera ensuite aux poches et cellules dormantes », ajoute-t-il. Preuve de ce tournant ? Al-Assad qui ne se déplaçait que rarement ces trois dernières années, s'est rendu, hier, au monastère de Mar Sarkis à Maaloula pour constater les dégâts causés par le Front al-Nosra, un groupe affilié à al-Qaïda, souhaiter « joyeuses Pâques » aux chrétiens et un « prompt » rétablissement de la paix et de la sécurité à l'ensemble de ses compatriotes. « Même le pire des terroristes ne peut annihiler notre héritage et notre civilisation », dit-il après avoir « inspecté les dégâts et les destructions occasionnés par les terroristes ». « Maaloula, comme les autres sites de l'humanité et de la civilisation syriennes, résistera toujours face à la barbarie et à l'obscurantisme qui visent la patrie », ajoute-t-il, confirmant ainsi que son régime peut se targuer de se poser en « protecteur » des minorités. Et culturelles et religieuses. Armes chimiques : Paris a des « éléments » Néanmoins, la France annonce avoir des « éléments » sur l'utilisation récente d'armes chimiques par le régime dans le nord-ouest du pays, mais ne dispose pas de preuves. « Nous avons encore quelques éléments mais je n'ai pas les preuves. Ce que je sais, c'est que ce régime a démontré à la fois l'horreur des moyens qu'il pouvait utiliser et le refus de toute transition politique », affirme le président François Hollande. « Des indications, qu'il faut vérifier, nous sont données selon lesquelles il y aurait eu des attaques chimiques récemment. Beaucoup moins importantes que celles de Damas il y a quelques mois, mais des attaques très mortelles, ponctuelles, au nord-ouest, pas loin du Liban », précise Laurent Fabius, son ministre des Affaires étrangères. Dans le cadre d'un accord russo-américain de septembre 2013 ayant permis d'éviter des frappes militaires américaines, la Syrie s'est engagée à détruire son arsenal d'armes chimiques d'ici au 30 juin. Selon l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, la Syrie a, au 14 avril, évacué de son territoire 80% de son arsenal chimique.