Tel père, tel fils serions nous tentés de dire. Djaffar Aït Menguellet est aussi est un adepte de la perfection. Le fils de Lounis démontre, de plus en plus, qu'il évolue loin de l'ombre tutélaire et pesante du grand poète Son nouvel album « Tanaslit », qui vient de sortir chez Izem, est une preuve éclatante et vivante de son talent. Sur le plan musical ou thématique, l'album nous révèle une œuvre d'une grande richesse. « Tanaslit » est le quatrième album de Djaffar Aït Menguellet. Il comprend sept chansons : « Asteqsi », (Questionnement). « Ddiminu » (Dominos, « Isem » (Un nom), « Yir ides » (Mauvaise nuit), « Win Yeylin » (Celui qui tombe), « Tanaslit » (Origines), et « Ttelba n u debbouz » (Les moines guerriers). Toutes ces chansons nous donnent l'impression de surfer avec enjouement sur différents genres, avec des arrangements simples et efficaces. Les chansons font voguer notre imagination sur des mers apaisées. Certains connaisseurs disent que les textes sont limpides, mais profonds. Comment en serait-il autrement ? Les paroles de l'album portent l'empreinte de Lounis Ait Menguelet. (Sauf Ddiminu, un texte de Si Moh). Les textes sont d'inspirations diverses. Dans « Yir Ides » l'on trouve des problèmes de la société, tels que les méfaits de l'alcool. Tous ces problèmes resurgissent à la tombée de la nuit. L'ivrogne pense alors naïvement que c'est la boisson qui va lui régler tous ses problèmes. Mais bien entendu, elle ne fera que les décupler. Le message de l'artiste est qu'il y a toujours une solution, celle de faire face et d'affronter les vicissitudes de la vie. L'amour, les tourments de la rupture sont dans « Asteqsi ». C'est l'histoire d'un couple qui tente de surmonter une crise. Son amour est mis à rude épreuve. Djaffar a enregistré également une chanson avec la diva Nouara dans « Tanaslit » qui parle de notre identité. Ici on sent que Djaffar a réalisé un immense honneur qu'il a fait partager avec leurs fans. Un autre thème, puisé du tréfonds de l'histoire historique, nous fait voyager dans le temps et traite des Thelva n udebbuz (Les moines guerriers). C'est une secte religieuse qui a existé dans le temps en Kabylie. Initialement, la chanson est dédiée, selon l'interprète, à une réalisation sur Fatma N'Soumer du cinéaste Belkacem Hadjadj. Mais ce dernier estima qu'elle ne convient pas avec le thème du scénario. Elle s'est retrouvée reconvertie par la suite en une chanson. Dans « Ddiminu », dont un clip est diffusé parfois à la télévision, le chanteur raconte l'histoire d'un homme qui se retrouve avec ses amis à jouer aux dominos. Par manque de concentration, il leur gâche la partie, car il pensait à sa bien-aimée avec qui il s'était fâché. Ses amis l'exhortent alors à cesser de jouer. La chanson « Isem » est, par contre, polysémique. Elle parle de toute personne ayant perdu un être cher ou vivant une rupture amoureuse. Un des couplets dit : « Adafar Isem I Tudart n bla Isem » la personne essaie de donner à sa vie un nouveau sens. Djaffar, dans « Tanaslit » rehausse le niveau de la chanson kabyle dont il est devenu, ces dernières années, un des meilleurs représentants.