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Illizi calme et évasion
Carnet de route
Publié dans Horizons le 27 - 04 - 2014

Le prix du billet d'avion à destination du Grand Sud reste élevé. Beaucoup ont recours aux services des taxis-bus et voitures qui sillonnent depuis quelques années les immensités du désert dompté par les engins. Les taxis collectifs sont disponibles chaque jour et presque à tout moment. Premier pays d'Afrique, par sa superficie, l'Algérie est un pays de contrastes. Pour le touriste étranger et l'Algérien qui découvrent les villes comme Illizi, le dépaysement est total. Les conditions climatiques, culturelles et économiques sont très différentes, les surprises nombreuses. Par route, le dépaysement est graduel. Etape après étape, après les espaces verdoyants du Nord on parvient, peu à peu, aux lieux désertiques. Avec l'avion, la différence du climat et du paysage est soudaine et brutale. A l'arrivée d'Illizi, à l'aéroport, le voyageur constate tout de suite la différence avec la capitale. Les gens arborent d'autres tenues. Ils ne semblent guère se préoccuper de l'élégance du costume. Le confort de la tenue importe plus. Elle doit être ample pour faciliter les mouvements. Elle s'adapte aussi bien à toutes les saisons. Les gens s'en drapent le corps entièrement exceptés les mains et le visage. La tête est impérativement recouverte d'un châle qui protège contre le vent glacial de l'hiver et les ardents rayons du soleil. Les couleurs vives ne semblent pas prisées. On recherche plutôt des couleurs sobres avec des préférences pour des couleurs claires où le bleu prédomine. Ce qui frappe chez les habitants, c'est la lenteur des gestes. Non par manque d'activité, mais plutôt pour ne pas trop dépenser leur énergie et préserver le corps qui lutte en permanence contre les rudesses du climat. Chaud dans la journée et froid le soir. Le Sahara se distingue par un climat particulier. C'est une terre froide où le soleil est chaud.
Architecture altérée
On ne s'attarde pas à l'aéroport d'Illizi. Il faut partir au plus vite en ville pour assurer son hébergement. Les bâtiments à plusieurs étages sont quasi inexistants. La plupart des habitations sont d'un seul niveau. Les espaces sont vastes et les bâtiments hauts ne sont pas utiles. Le béton sert seulement dans les chantiers de réalisation de structures administratives et publiques. Des bâtiments administratifs tels que la Poste et les Douanes ou les établissements scolaires différent peu, par leurs structures, du Nord. La maison de la culture d'Illizi est presque semblable à celles que l'on trouve ailleurs. Pour le dépaysement, le voyageur ne le découvre pas dans le centre d'une ville qui se lance dans la modernité avec ses larges rues rectilignes, ses trottoirs, son éclairage public. Il faudrait rechercher ailleurs ce qui contraste avec le tissu urbain typique d'Illizi. Sous les effets de la modernisation de la construction, la brique et le béton ont altéré l'architecture traditionnelle. Celle-ci semble avoir complètement disparu au centre-ville. Elle s'adaptait pourtant parfaitement aux rudes climats du Grand Sud. Les épaisses parois protégeaient des températures extrêmes. Le choix des matériaux naturels atténuait considérablement les amplitudes climatiques. On s'y chauffait très peu durant les nuits glaciales et la fraîcheur est retenue en été grâce aux petites fenêtres qui laissent pénétrer à peine les rayons de soleil. Ces habitations, qui avaient le privilège de durer dans le temps, ne pouvaient être fragilisés par la soudaineté des pluies qui, heureusement, sont de plus en plus rares dans le Grand Sud. Selon un habitant, « ces maisons constituent le logement idéal pour Illizi ». Leur construction ne nécessite pas de grands moyens. Les matériaux sont sur place et le savoir-faire existe. De plus, leur entretien ne demande pas de grands frais. Ces habitations ont aussi l'avantage d'être élevés côte à côte, créant une communauté homogène et solidaire. Ce genre d'architecture de terre a duré des millénaires. Un habitant d'Illizi déplore l'avancée du béton qui n'apporte que des nuisances altérant l'harmonie du tissu urbain et la qualité de la vie. La climatisation était inconnue. Dans les nouveaux bâtiments, la vie n'est guère possible sans elle. Toute l'année, sauf pour quelques mois de répit en automne et au printemps, des structures de climatisation intense fonctionnent à plein temps générant des dépenses considérables en énergie électrique. Illizi subit les affres de la vie moderne non adaptée aux conditions climatiques extrêmes.
Loin des sites urbains
Illizi s'efforce de s'adapter aux aléas climatiques. En premier lieu par un empressement à vouloir utiliser le confort de la vie moderne. Cela se voit à grande échelle dans les nombreux camps gaziers. Il n'y est nullement question de bâtir selon les principes architecturaux du Grand Sud. Le paysage urbain est constitué pratiquement de maisons en préfabriqué où la vie est intenable sans le recours aux appareils de climatisation. Il est vrai que les travailleurs de ces sites n'habitent dans ces lieux qu'un mois ou deux. Ils alternent travail et longs séjours de récupération dans leurs villes. Il est impossible de vivre en permanence dans ces maisons qui ne sont, en fait, que des baraques. Il est bien dommage que, pour des raisons économiques, le paysage féerique du Grand Sud perde de sa magie et de son attirance légendaires. Le climat est rude mais pur et naturel. Il assure santé, bien-être et longue vie. Les maladies liées à une mauvaise qualité de la vie sont rares. Les habitants authentiques de ces régions savent dompter le climat au moyen d'une protection équilibrée et mesurée. En été, durant la chaleur torride de la journée, ils se lèvent tôt pour accomplir leurs activités journalières, puis font une longue pause l'après-midi lorsque les rayons de soleil sont les plus ardents. C'est seulement au crépuscule qu'ils reprennent leurs activités, jouissant de la clémence des températures et surtout de la douceur des nuits claires et étoilées. Ils nous donnent une leçon de qualité de vie. Ils s'adaptent parfaitement à leur environnement quelle que soit la saison. Les authentiques habitants d'Illizi ne rêvent pas d'aller au bord de la mer. Ils savent bien profiter des moments de fraîcheur que leur accorde la journée et cela suffit pour vivre en harmonie avec leur environnement. Ces habitants sont fiers de leurs ancêtres qui ont laissé un prodigieux héritage culturel. Leur région constitue le plus grand musée à ciel ouvert du monde. Les vestiges légués par les ancêtres témoignent d'une civilisation millénaire. Ces habitants ont su créer un mode de vie extrêmement adapté aux conditions climatiques. Ce passé glorieux donne encore une raison de vivre aux habitants partagés entre traditions et modernité.


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