Les premiers journalistes d'Echaâb n'étaient pas nombreux, mais ils ont constitué un modèle de rigueur en termes de professionnalisme. Parmi eux, l'actuel ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. L'ancien pigiste, dans les années 1970, a, d'ailleurs, inauguré en compagnie d'Amina Debbache, PDG du quotidien Echaâb, et d'autres anciens journalistes, la salle de conférences baptisée 11-Décembre. Ce nom choisi par le collectif d'Echaâb renvoie à la date de la création du journal en 1962. Depuis, une pépinière de journalistes a été formée pour occuper de hautes responsabilités au sein du gouvernement. Bouabdallah Ghlamallah s'est remémoré le temps où il assurait la rubrique culturelle tout en enseignant à l'université, pour ensuite être nommé directeur général du quotidien. Il affirmera qu'Echaâb était une école, aussi bien pour les lecteurs que pour les journalistes inexpérimentés et les intellectuels arabophones à l'image de Tahar Benaïcha et Belkacem Khemar. Il ajoutera que la critique d'alors était constructive puisque c'est l'essence même de l'écrit qui va être diversement perçue par les lecteurs et les responsables. Mohamed Zahani, directeur de la rédaction, a, quant à lui, rappelé le travail pénible accompli par les journalistes et tout le staff technique, souvent avec les moyens de bord. Mais il soulignera que le travail de reportage, de couverture et de commentaire a toujours été à la hauteur des exigences du professionnalisme et de la conscience professionnelle. « Aucun journaliste n'a reçu des instructions ou des intimidations venues d'en haut pour orienter l'écriture de son article », a-t-il expliqué. En évoquant l'ambiance qui régnait entre les journalistes, Zahani a parlé d'enthousiasme et d'esprit d'équipe sans pression ni tension avec, toutefois, une marge pour satisfaire toutes les sensibilités. Mohamed Benzighiba, ancien journaliste d'Echaâb, soulignera que le quotidien Echaâb demeure le père spirituel de la presse arabophone et une école qui a formé plusieurs journalistes talentueux dont certains ont embrassé une carrière dans le secteur privé.