2 mai 1962 - 2 mai 2014, 52 ans se sont écoulés depuis le lâche et sanglant attentat commis par l'OAS contre les dockers au centre d'embauche du port d'Alger. Cet attentat avait coûté la vie à des dizaines de dockers, travailleurs pour la plupart occasionnels du port, et causa des blessures à d'autres personnes se trouvant dans les alentours. Pour commémorer ce triste événement, l'Entreprise portuaire d'Alger a organisé, hier, une cérémonie à la mémoire de ces victimes pour que nul n'oublie leur sacrifice. Guermache Abbas, retraité, docker depuis 1960, se souvient de cette date. Il était à quelques mètres du lieu de l'attentat. A chaque commémoration, un frisson lui parcourt le corps. Il se rappelle la boucherie que le port a vécue ce jour-là. « C'était invivable », dira-t-il. « La déflagration était telle que la chair de nos frères était collée aux poteaux », se rappelle-t-il. A l'époque, a-t-il ajouté, les hôpitaux ne pouvaient recevoir toutes les victimes. Ce sont les écoles environnantes qui ont servi de salles pour secourir les blessés et remettre les corps inanimés à leur famille. Mme Baya Maroc, la première femme syndicaliste des dockers au port d'Alger, de 1970 à 2001, a été très émue en recevant une médaille d'encouragement. Pour elle, « cette journée est triste. La France qui n'a jamais digéré sa défaite, s'est acharnée sur des pères de famille venus en masse chercher du travail ». Elle déplore que jusqu'à présent, « les dizaines de morts de l'attentat du port ne soient pas considérées comme des victimes civiles ». Pour Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine, le sacrifice des chouhada et des victimes des différents attentats n'est pas vain puisque la génération d'après a repris le flambeau pour édifier notre pays. De son côté, le DG du port d'Alger, Abdellaziz Guerrah, a souligné l'importance de cette commémoration où plus d'une centaine de personnes entre dockers et simples citoyens ont trouvé la mort. Il saluera, dans une courte allocution, la solidarité agissante des Algériens qui n'avaient ménagé aucun effort pour assister leurs frères lors de ce terrible attentat. Il a profité de cette célébration pour rendre hommage à tous les retraités et à ceux qui ont pris la relève. « Les aînés travaillaient dans des conditions pénibles. Aujourd'hui, les conditions ont changé. Les opérations de déchargement et de chargement sont mécanisées. Les dockers bénéficient de davantage de sécurité et de mesures de prévention des accidents de travail », a-t-il souligné. Pour Salah Djenouhat, secrétaire national à l'UGTA, présent sur place, « l'espoir est là malgré ce triste souvenir ». « La fête des travailleurs comporte cette année deux bonnes nouvelles », a-t-il annoncé. En premier, il cite l'augmentation de 12% de la pension de tous les retraités effective à partir de ce mois-ci et, en second, l'abrogation de l'article 87 bis qui va se traduire par une augmentation sensible des salaires des travailleurs. Cette cérémonie s'est achevée par la lecture de la Fatiha et le dépôt d'une gerbe de fleurs sur la stèle érigée à la mémoire des victimes de ce lâche attentat. Afin que nul n'oublie.