L'Entreprise portuaire d'Alger a organisé, hier, une cérémonie émouvante en commémoration de l'attentat perpétré le 2 mai 1962 par des éléments de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) au sein du port d'Alger qui a causé la mort d'une centaine de travailleurs algériens. La cérémonie a été organisée devant la statue représentant un docker, œuvre du sculpteur Larbi, un lieu symbolique qui représente le sacrifice et le courage de ces travailleurs. Cette journée de commémoration a connu la présence de plusieurs personnalités dont le Directeur général de la Protection civile, Mustapha Lahbiri ainsi que le responsable et commandant des Scouts algériens, Noureddine Benbraham, en plus du représentant de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), Salah Djenouhat, et plusieurs représentants de la wilaya d'Alger. Des chants patriotiques à la gloire des martyrs ont été interprétés par la troupe musicale de la Protection civile au début de la cérémonie. Dans son allocution d'ouverture, le représentant de l'Entreprise portuaire d'Alger (Epal) a rappelé le triste événement qui s'est produit le 2 mai 1962 et les circonstances du lâche attentat commis par l'OAS dans leur politique de «la terre brûlée». C'était il y a 52 ans, jour pour jour. L'OAS avait perpétré le mercredi 2 mai 1962 à Alger le plus sanglant des attentats qu'elle n'ait jamais commis contre la population musulmane. Une voiture piégée chargée de ferraille et de morceaux de fonte avait explosé devant le Centre d'embauche des dockers sur le port. Il était 6h10, des centaines de dockers attendaient, comme chaque jour à la même heure, de prendre leur travail quand se produisit la déflagration. La foule des ouvriers fut littéralement fauchée par les débris de fer et la voiture déchiquetée. Des commandos activistes (OAS) embusqués dans les immeubles voisins guettaient les survivants après l'explosion de la machine infernale. Ils ont tiré sur ceux qui s'enfuyaient à coup de revolver et de mitraillettes. Ils ont achevé les blessés. L'explosion a eu lieu exactement dix minutes après l'ouverture du bureau d'embauche, fixée à six heures. Deux à trois cents dockers attendaient dans la rue. Un millier d'autres se trouvaient à l'intérieur du bâtiment. Après l'explosion plusieurs habitants se sont rendus sur les lieux pour secourir les blessés. Jusqu'à ce jour, malheureusement, nul ne peut dire le nombre exact des personnes tuées, certains parlent de 100 personnes ayant péri ce jour-là alors que d'autres affirment que le nombre est beaucoup plus élevé. M. Djenouhat dira à cette occasion que «le 1er Mai on a célébré une fête, la fête des travailleurs alors qu'aujourd'hui (hier) nous nous sommes réunis pour nous souvenir d'un événement douloureux qui a coûté la vie à de nombreux travailleurs algériens». «L'Ugta, par sa présence aujourd'hui à cette cérémonie, réaffirme son soutien et sa détermination à défendre les droits des travailleurs pour améliorer leur situation quel que soit leur secteur d'activité», ajoutera-t-il. Il a également salué la fidélité des travailleurs du port d'Alger aux principes défendus par l'Ugta, depuis sa création historique, avant d'exprimer sa solidarité avec les travailleurs de l'entreprise, qui continuent de faire face à de nombreux problèmes. Le président des Scouts algérien M. Benbraham dira de son côté que «cette occasion reflète le respect que notre génération envers les sacrifices des travailleurs tombés le 2 mai 1962. C'est aussi un espoir pour un avenir meilleur pour notre pays». «Le port d'Alger est un acquis de l'Algérie indépendante, un acquis pour toute l'Algérie et non seulement Alger, on doit le préserver et être fier de ce que nous avons accompli», ajoutera-t-il. La cérémonie s'est clôturée avec la remise de médailles de mérite à nombre d'anciens travailleurs de l'Epal. Une gerbe de fleurs a été déposée au pied de la stèle dédiée aux travailleurs du port, suivie de la lecture de la Fatiha, à la mémoire des nombreuses victimes de cet acte odieux, perpétré deux mois environ après le 19 mars 1962, date de la signature des accords d'Evian, mettant fin à la guerre en Algérie. Le son des sirènes des bateaux a brisé le calme de ce vendredi 2 mai 2014 en commémoration d'une date qui restera à jamais gravée dans la mémoire collective algérienne et dans l'histoire du pays. A. K.