La fonctionnalité de la presse se mesure au degré de son émancipation des facteurs de pression, financiers ou politiques. Son rôle dans l'espace public, en tant que relais de la compétition politique et de l'expression des opinions, l'expose à des tentatives de manipulation. D'où l'importance des organes de régulation qui rappellent les règles à ne pas enfreindre, éthiques ou déontologiques. Sous peine de se reléguer au rang de moyens de propagande. La vocation première des organes de presse écrite ou audiovisuelle est d'informer. Objectivement autant que faire se peut. Et éclairer, ensuite, l'opinion du grand public sur les enjeux d'une situation donnée. Ces généralités posées, qu'en est-il de la situation de la presse en Algérie ? Le foisonnement de titres de la presse écrite suppose que le secteur s'est affranchi au moins des contraintes qui l'ont empêché d'éclore. Le nouvel ordre médiatique s'est ébranlé dans les années 1990. Depuis deux années, le paysage s'est complété avec la nouvelle loi organique sur l'information et, depuis peu, avec celle sur l'audiovisuel, une nouveauté dans le pays. Cette diversité des titres, pour autant qu'elle reflète une richesse, n'est pas exempte de tout reproche. Il y a forcément fort à faire dans la conquête des libertés, notamment dans l'accès à l'information, indispensable au journalisme d'investigation. Dans son message à l'occasion de la Journée internationale de la presse, le président Bouteflika a restitué l'enjeu lié à la conjoncture. « Dans notre contexte national, il incombe à la presse et aux médias du pays d'accompagner et de conforter, d'une manière objective et pédagogique, la consolidation de notre démocratie. L'avenir de la démocratie dans notre pays repose sur une presse libre, compétente, soucieuse de l'intérêt national et imbue du sens des responsabilités », a-t-il notamment affirmé. Et comme la démocratie est en construction, le rôle des médias s'en trouve ragaillardi. Et conforté dans son développement intrinsèque. Le Président insiste sur la mission pédagogique. « Dans notre pays où la construction de la démocratie est en cours de parachèvement, la presse et les médias sont désormais, de par l'importance de leur rôle, reconnus comme un espace indispensable au débat public qui permet à l'opinion publique de faire entendre sa voix. De ce fait, ils se trouvent investis de la mission d'éduquer, de former les citoyens et surtout de susciter l'éveil des consciences sur les grands problèmes liés à notre développement dans toutes ses dimensions », a ajouté le chef de l'Etat. Dans ce contexte, la loi organique sur l'information, promulguée il y a deux années, a doté l'édifice médiatique de nouveaux instruments dont certains sont en attente de création. Il s'agit de compléter le système juridique régissant les activités liées au secteur de la communication, notamment celles relatives à l'organisation de la presse et des métiers y afférents, et aux organes de régulation, ainsi que celles relatives à la publicité et au sondage. Ce confortement va de pair avec ce qui constitue l'humus de la liberté de la presse : la liberté d'expression que Bouteflika s'engage à consolider. « Je ne ménagerai aucun effort pour consolider et étendre la liberté d'expression de sorte à lui ouvrir davantage d'espaces, non seulement dans le domaine des libertés publiques, mais également dans les domaines du développement humain, culturel, social et économique, ainsi que dans le domaine des sciences et des connaissances », assure-t-il. Prémunir la presse des facteurs de pression, l'éloigner des chapelles extraprofessionnelles, la protéger de la censure, mais l'astreindre aussi au respect des règles déontologiques est un chantier titanesque. Il est intimement lié à la problématique de la séparation des pouvoirs. Et comme le journaliste est au centre de ce dispositif, l'amélioration de son statut participe d'un impératif, notamment dans la presse privée qui rechigne à appliquer la convention collective décidée par le ministère de la Communication de concert avec les partenaires sociaux.