Khaled Mehdaoui. Un chef qui n'oubliait jamais d'être journaliste. Lui qui a rejoint le quotidien Horizons en 1985, une année à peine après sa création, était à la tête de la rubrique audiovisuel au sein du département culture chapeauté par Djamel-Eddine Merdaci. Khaled, amoureux invétéré du cinéma, se trouvait souvent et pour le plaisir et pour le travail dans les salles obscures. Il n'hésitait pas non plus à aller flirter avec le terrain pour les besoins de reportages pour la société... Un jour qu'il était parti pour interviewer le ministre chinois de a Culture en visite en Algérie, il en est revenu outré parce que le photographe qui l'accompagnait l'interrompait souvent pour demander au ministre de se donner une contenance, d'enlever son stylo de la poche de sa veste pour faire un portrait... « Comme si c'était studio vedette », s'était-il fâché, avant d'entamer de suite le décryptage de son entretien et son écriture. Khaled, c'était aussi ce sourire constant, conciliant, qui accompagnait d'un ton affable de sa voix enrouée, au léger accent du pourtour ouest d'Alger qu'on réentend encore, en réponse aux attentes des journalistes qu'il réprimandait gentiment mais fermement sur un papier, ou qui demandait de couvrir tel événement ou d'assister à une projection juste pour le fun... Khaled a écumé les salles de cinéma, la cinémathèque en prime, les festivals de cinéma, les locaux de la défunte ENPA ou de l'ONCI... avec une enquête par-ci, un entretien par-là, ou un commentaire ou une analyse. Khaled, cet ancien d'El Moudjahid de la fin des années 1970, s'en ira du 20, rue de la Liberté, siège du doyen des journaux et de Horizons, après l'avènement de la presse privée. Il fonde avec courage, en solo, son premier hebdomadaire, lui l'enfant du quotidien, Chéraga Hebdo, avant d'en faire Alger-Hebdo, se mettant au service de l'information de proximité qui manque tant aux journaux d'aujourd'hui, parce que lui, justement, y a été malaxé pendant des décennies. Et selon des journalistes qui l'ont côtoyé dans cette aventure terminée en queue de poisson, hélas, Khaled, qui était bien mal ces derniers temps, a quand même continué de rallier son journal, dont le siège se trouve à la maison de la presse Tahar-Djaout, dans des locaux juste suffisants pour sa belle ambition. Cette dernière, arrêtée à mi-chemin de sa trajectoire, obligé qu'il était d'écouter sa maladie qui le terrassait en sourdine. Adieu Khaled !