Le patrimoine culturel d'Oran constitue « une fenêtre ouverte par excellence sur l'histoire algérienne », ont estimé, hier, des conférencières espagnoles lors d'une table ronde animée à l'Institut Cervantès d'Oran. « Les sites et monuments que compte la capitale de l'Ouest algérien sont porteurs d'une importante charge historique », ont souligné Eliane Ortega Bernabeu et Maria Jesus Cabezon lors d'une rencontre tenue sous le titre « Les Espagnols en Algérie : passé et présent ». Cette manifestation culturelle, coïncidant avec la célébration du mois du patrimoine (18 avril-18 mai), a regroupé de nombreux universitaires et des cadres du mouvement associatif dédié à la protection du patrimoine. Les deux intervenantes ont respectivement abordé les volets historique et contemporain des relations entre l'Algérie et l'Espagne, et ce, à l'appui de sources documentaires et de témoignages recueillis auprès de la communauté espagnole à Oran. Mme Bernabeu a mis en relief les pages communes de l'histoire partagée par les deux pays, marquée par près de trois siècles d'occupation espagnole à Oran (1509-1792), mais également par « les souffrances infligées par l'occupant français aux républicains espagnols venus trouver refuge sur le territoire algérien à partir de 1939 ». L'intervenante affirme avoir recensé une cinquantaine de camps d'internement en Algérie, dont cinq à Oran, où les exilés espagnols furent confinés par l'administration coloniale française. « Les exilés espagnols furent traités comme des prisonniers de guerre, alors que c'étaient des civils, hommes, femmes et enfants fuyant la guerre en Espagne », a observé Mme Bernabeu, tout en rappelant qu'un sort encore plus douloureux fut réservé aux populations algériennes forcées au déplacement massif dans nombre de ces mêmes camps de concentration. De son côté, Mme Cabezon a consacré sa communication aux relations économiques algéro-espagnoles, en insistant sur l'intérêt porté par les opérateurs espagnols aux divers secteurs d'activité à Oran. L'impact induit par cette croissance économique au plan culturel a été aussi évoqué. L'intervenante ayant fait valoir, à ce titre, que la pérennisation de la présence en Algérie des hommes d'affaires de son pays leur a permis de mieux connaître l'histoire en partage. Le directeur de l'Institut Cervantès, César Luis Diez-Plaza, a indiqué, à l'occasion, que la bibliothèque de son établissement compte un rayon dédié exclusivement au passé en partage entre les deux pays, avec des centaines de documents d'archives mis à la disposition des chercheurs. L'Espagne est, pour rappel, le premier pays de l'Union européenne à avoir signé un traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération avec l'Algérie, paraphé par les deux parties le 8 octobre 2002.