Les Sud-Africains, qui fêtent leur 20 ans de démocratie, élisent, aujourd'hui, leurs nouveaux représentants au Parlement. Ces derniers désigneront, à leur tour, le Président du pays. Le parti emblématique de la lutte contre l'apartheid, le Congrès national africain (ANC), devrait remporter plus de 63% des voix, selon un sondage publié dimanche dernier par le journal Sunday Times. Jacob Zuma, 72 ans, le leader de l'ANC, devrait être reconduit à la Présidence du pays. Lors de son dernier meeting électoral, il a promis, devant près de 100.000 partisans, de donner la priorité au développement économique. « Nous serons victorieux le 7 mai. L'ANC a l'envergure historique, l'expérience, la volonté politique, la capacité et la détermination à faire avancer l'Afrique du Sud », a lancé Zuma. En 2013, une enquête a montré que 42% des Noirs (près de 80% des 53 millions d'habitants), vivent dans la pauvreté contre 1% des Blancs qui représentent moins de 9% de la population mais qui détiennent 80% des terres agricoles et des richesses du pays. L'Alliance démocratique (AD), principal parti de l'opposition dirigé par Helen Zille, une femme blanche qui a combattu l'apartheid, est créditée de 23,7% d'intentions de vote. « L'ANC est devenu arrogant, parce qu'il croit que les électeurs continueront à voter pour eux, quoi qu'ils fassent », a lancé, samedi, la dirigeante de l'AD. « Quand un gouvernement devient corrompu, quand il ne fait pas correctement son travail, l'économie est en déclin, le chômage progresse, la pauvreté s'aggrave et quelques puissants deviennent de plus en plus riches. C'est la triste histoire de ce pays ces cinq dernières années », a ajouté Mme Zille. L'ancien chef de file des jeunes de l'ANC, exclu en 2012, Julius Malema, qui a pris la tête des Combattants pour la liberté économique (EFF), un mouvement populiste, promet la redistribution des richesses aux plus démunis. Les sondages lui donnent 4 à 5% des voix. En dehors du cercle de ses concurrents, le président sud-africain fait face à une autre forme d'opposition. Une grande figure de la lutte contre l'apartheid, l'archevêque anglican retraité Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, a annoncé, le mois dernier, que « pour la première fois », il ne donnera pas son bulletin à l'ANC. « Je le dis le cœur lourd. Réfléchissez ! Ne votez pas à la légère. Ne vous transformez pas en bétail électoral », a lancé Desmond Tutu qui s'estime « soulagé » que le leader de la lutte contre l'apartheid, Nelson Mandela, décédé en décembre dernier, ne puisse pas voir « l'état décevant de son pays ». Deux dissidents de l'ANC, l'ex-ministre du Renseignement, Ronnie Kasrils, et l'ancienne vice-ministre de la Santé, Nozizwe Madlala-Routledge, ont aussi appelé à boycotter leur ancien parti et à glisser des bulletins nuls dans l'urne.