Malik Tamine, architecte à Alger et à Paris, a plaidé, hier, pour la recherche de solutions adaptées à notre environnement dans l'éco-construction. Dans une intervention intitulée « Eco-construction : normes-labels, vers un label algérien », lors d'une journée technique organisée hier, en marge du 17e Salon Batimatec à la Safex, sur l'« éco-construction en Algérie », l'expert souligne qu'il existe en Algérie plusieurs opérations expérimentales dans ce domaine, estimées à près de 5% des nouvelles constructions. « On constate une préoccupation de plus en plus présente et un fort taux de croissance en la matière. Ceci reflète une prise de conscience, mais il est nécessaire de déterminer la démarche à suivre et les outils à exploiter », précise-t-il, relevant, tout de même, que les acteurs de ce projet agissent en rangs dispersés. « L'acte de construction implique trois acteurs, l'entreprise, le maître d'ouvrage et la maîtrise d'œuvre. Ces acteurs doivent assumer leurs responsabilités et coordonner leurs actions sur le terrain, pour arriver aux résultats et aux objectifs assignés », explique-t-il. L'architecte plaide, en outre, pour le renforcement de l'isolation thermique, à travers un travail de recherche basé sur le principe de la peau qui joue un rôle de régulateur thermique. Il relève aussi le principe de l'éco-quartier qui propose la construction et la gestion d'un ensemble intégré de logements, de locaux commerciaux et d'espaces verts respectant l'histoire architecturale de la ville et les normes environnementales les plus avancées. Malik Tamine appelle, dans ce sens, à tirer profit des habitations traditionnelles en Algérie, à l'exemple de La Casbah d'Alger et de La Casbah de Constantine et des habitations de Ghardaïa et de Djanet dans l'extrême-sud du pays. « On devrait se tourner vers ces expériences. La Casbah est un modèle de développement rural et de densité. Il n'existe pas de normes-labels mais plutôt des normes écologiques qu'il faut adopter », insiste-t-il. Interrogé sur la possibilité de tirer profit de ces constructions traditionnelles pour promouvoir l'éco-construction, l'architecte indique qu'il y a un travail pour le développement des matériaux de terre. « Il y a une prise de conscience par rapport à cette question. En Californie, par exemple, des immeubles sont construits avec de la terre. En Algérie, on vient d'adopter une nouvelle solution pour augmenter la résistance de la terre avec la solution BTS (béton de terre stabilisé) qui consiste en un mélange de ciment et de terre », fait-il observer. Toutefois, Malik Tamine ne semble pas optimiste quant à l'adoption de cette expérience. « Les lobbies des matériaux de construction entravent cette démarche afin d'écouler leurs produits », affirme-t-il.