Des millions d'Ukrainiens de l'Est se sont rendus aux urnes, hier, pour décider du sort de leur région. Tout porte à croire qu'ils se prononceront en faveur de l'« indépendance » des « républiques populaires » autoproclamées de Donetsk et Lougansk, deux régions frontalières de la Russie, dont les insurgés contrôlent les principales villes. Un vote qui pourrait déboucher de facto sur une sécession historique de cette partie du pays. La crainte de Kiev et des Occidentaux face à ce scrutin est de voir se reproduire un scénario similaire à celui qui a abouti en mars au rattachement de la Crimée à la Russie, ouvrant la pire crise diplomatique entre Occident et Russie depuis la fin de la guerre froide. Le gouvernement ukrainien a qualifié le scrutin de « farce criminelle inspirée, organisée et financée par le Kremlin », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères ukrainien, assurant que les résultants n'auront aucune conséquence juridique sur l'intégrité du pays. Les Etats-Unis, principal soutien des autorités ukrainiennes avec l'Union européenne, ont également réagi. Ils annoncent qu'ils ne reconnaîtront pas les résultats de ces référendums « illégaux en vertu du droit ukrainien » qui « sont une tentative pour créer des divisions et des troubles ». « Si ces référendums ont lieu, ils violeront le droit international et l'intégrité territoriale de l'Ukraine », indique la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki. En Europe, la chancelière allemande, Anglela Merkel, et le président français, François Hollande, ont insisté, lors d'une réunion informelle, tenue samedi à Stralsund en Allemagne, sur l'élection présidentielle « internationalement reconnue » que le gouvernement ukrainien a prévu d'organiser le 25 mai prochain, sous peine, soutiennent-ils, de voir « se déstabiliser encore plus le pays ». Sur le terrain, les combats ont repris dans la périphérie de Slaviansk, tandis que le journal allemand Bild am Sonntag rapportait, hier, qu'environ 400 mercenaires d'une entreprise américaine opèrent en Ukraine aux côtés des soldats et de la police ukrainiens dans des opérations contre les séparatistes pro-russes.