Les Russophones ont maintenu pour aujourd'hui le référendum pour l'indépendance des régions de Donetsk et de Lougansk Les séparatistes s'apprêtent à tenir aujourd'hui un référendum sur l'indépendance des «Républiques populaires» autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, frontalières de la Russie. Les régions de Donetsk et de Lougansk, qui composent le bassin du Donbass, sont fortes au total de 7,3 millions d'habitants sur les 45,5 millions que compte l'Ukraine. Les autorités ukrainiennes de leur côté se déclarent déterminées à mener à bien le scrutin présidentiel anticipé du 25 mai, en dépit des violences et «provocations» mises en oeuvre pour le faire dérailler et qu'elle imputent à Moscou. Ce vote doit permettre l'élection du successeur de Viktor Ianoukovitch, destitué fin février après trois mois de contestation pro-européenne. Les séparatistes des régions de l'Est affirment que tout sera prêt à temps pour le vote et se disent certains que la population approuvera leur projet, en dépit de sondages suggérant au contraire qu'une grande partie des habitants de l'Est du pays sont favorables à l'unité de l'Ukraine. A Slaviansk, ville de 110.000 habitants proche de Donetsk et bastion des insurgés, le maire autoproclamé Viatcheslav Ponomarev a déclaré hier s'attendre à une «participation de 100%». «Il peut y avoir des voix contre», celles des «bourgeois», a-t-il admis, ajoutant cependant: «Sitôt après le référendum, la République populaire de Donetsk commencera à fonctionner». «Si la population le veut, on rejoindra la Russie» a-t-il ajouté. «Le référendum est le seul moyen pour éviter l'escalade de la violence et la guerre», a de son côté affirmé hier, Roman Lyaguine, chef de la commission électorale de la république séparatiste de Donetsk. «Si la réponse au référendum est oui, cela ne veut pas dire que notre région va rejoindre la Russie», a-t-il ajouté. Kiev et les Occidentaux ne cachent pas leur crainte de voir se produire un scénario similaire à celui qui a abouti en mars au rattachement de la Crimée à la Russie après un référendum, et s'est traduit par la pire crise diplomatique entre Occident et Russie depuis la fin de la Guerre froide. Selon le FMI, les provinces de l'Est représentent plus de 21% du PIB ukrainien (contre seulement 3,7% pour la Crimée) et 30% de sa production industrielle. «Les référendums planifiés dans plusieurs villes à l'est de l'Ukraine sont illégaux», ont affirmé hier la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande dans une déclaration conjointe. La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande ont menacé la Russie de «conséquences» en cas de non-tenue des élections présidentielles prévues en Ukraine le 25 mai et appelé la Russie à faire un geste visible et à cesser ses manoeuvres militaires à la frontière ukrainienne. Ils ont aussi rappelé à l'intention du gouvernement de Kiev que «l'usage légitime de la force pour protéger les biens et les personnes doit être proportionné». Les autorités ukrainiennes sont engagées depuis huit jours dans une opération militaire dans l'est qui s'est soldée par plusieurs dizaines de morts. Vendredi, de violents combats ont opposé les insurgés russophones aux forces armées ukrainiennes dans la ville portuaire de Marioupol (sud-est). Par ailleurs, à Sébastopol, port d'attache historique de la Flotte russe de la mer Noire en Crimée, le président russe, Vladimir Poutine, a participé à des célébrations de la victoire de 1945 sur les nazis. Les chaînes russes ont largement diffusé des images du président russe acclamé par la foule. Vladimir Poutine a répété que le rattachement de la Crimée à la Russie constituait un acte de «fidélité à la vérité historique». Kiev a aussitôt dénoncé une «violation flagrante de la souveraineté ukrainienne» et les Etats-Unis ont estimé que cette visite ne fait qu «exacerber les tensions».