Omar Aktouf, professeur en management à l'institut HEC de Montréal a la démonstration imparable : « Lorsque 3 milliards d'individus - soit la moitié de la planète - ‘'vivent'' avec moins de 3 dollars par jour, que 225 milliardaires possèdent l'équivalent de l'avoir de 2 milliards de personnes, que 51 sociétés figurent parmi les 100 premières ‘'économies'' du monde », il faut arrêter de faire la politique de l'autruche » nous dit-il. « Penser à une autre stratégie économique qui prône, conforte, bonheur et satiété pour l'humanité, est de l'ordre de l'urgence » ajoute-t-il. Samedi dernier, en dédicaçant à la librairie Tiers monde son livre, « La stratégie de l'Autruche »*, le public est venu nombreux s'enquérir de cette économie néolibérale que l'auteur ne cesse de vilipender à travers ses écrits et interventions publiques. Basée sur la croissance et le profit à l'infini, elle a montré ses limites et s'apparente de plus en plus à un danger. « On ne peut pas faire de maximum de profit ou de croissance avec un maximum d'arbres car la terre ne donne rien » a-t-il expliqué. Et d'ajouter : « La terre c'est l'équilibre et tout est question d'équilibre. » Remise en question Il développe tantôt les contours de la solution et tantôt précise des concepts. « Il est temps de développer les centres de production comme la Chine, l'Inde et le Brésil qui ont misé en premier sur les ressources humaines en formant des ingénieurs aptes à être performants sur le terrain » dit- il. « 80% de ce qu'utilisent les Anglais, les Français et les Américains proviennent de la Chine en premier et de l'Allemagne en second » fait-il remarquer. Pour cet enseignant, chercheur en économie, « heureusement que la Chine est là pour sauver le capitalisme et non le contraire ». « Sans les Chinois, les prix seront exorbitants » soutient-il. Il est temps de penser à une autre économie basée sur l'équilibre. Certains pays de l'Amérique du Sud (Bolivie, Argentine et Brésil) en sont l'exemple type. Les Brésiliens ont compris en choisissant un président issu du syndicalisme en la personne de « Lula » pour sortir du néolibéralisme. Par le vote, les Brésiliens ont fait une Révolution. Dans cet ouvrage, « La stratégie de l'autruche », l'auteur remet en question l'actuel système économique basé sur le profit et sacrifiant l'être humain et ses besoins. « La place accordée aux travailleurs de l'entreprise doit être le centre des théories du management » clame-t-il. Dans cet esprit, Omar Aktouf remet en question le management dit « à l'américaine » et prône un management à caractère plus humain. Il souhaite repenser le management en critiquant les bases et en proposant d'autres possibilités. « L'objectif principal d'un manager est de maximiser les profits de l'entreprise » a-t-il fait savoir. Evoquant le modèle algérien, il fait remarquer que « chez nous, le pétrole est une manne mais également un cadeau empoisonné. Sur le plan de la quantité, il va baisser ainsi que le prix du baril à cause de la mise en exploitation du gaz de schiste ». « D'un autre côté, le prix des produits de base agricoles va augmenter à cause du changement climatique comme la sècheresse sans compter la fluctuation du cours mondial des céréales. Cet état de fait va induire à recevoir moins d'argent et payer plus ce que l'on importe » explique l'auteur sur le ton de l'avertissement. Omar Aktouf est professeur titulaire de management à l'Ecole des hautes études commerciales de Montréal. Ancien cadre supérieur dans l'industrie algérienne, diplômé dans plusieurs disciplines des sciences sociales, il est membre fondateur du Groupe humaniste et gestion de l'Ecole des HEC. Ses travaux ont été traduits en plusieurs langues. « La stratégie de l'autruche » a reçu le prix du livre d'affaires en 2003. Rabéa F. « La stratégie de l'autruche », éditions Arak- collections savoirs- 352 pages – Prix public 1.200 dinars.