La Tunisie prend ses précautions. Redoutant les répercussions de la « guerre civile » qui déchire son voisin libyen, notamment à Benghazi, théâtre, depuis jeudi, d'un conflit opposant l'ancien général à la retraite, Khalifa Haftar, aux milices islamistes locales, elle renforce la surveillance de ses frontières. Une réunion urgente de sécurité s'est tenue, vendredi soir, présidée conjointement par le président de la République provisoire Moncef Marzouki, le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) Mustapha Ben Jaafar et le chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomaâ. Les ministres de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou, de la Défense nationale Ghazi Jeribi et des Affaires étrangères Mongi Hamdi étaient également présents à cette rencontre au terme de laquelle Ben Jeddou a fait savoir, sans donner de détails, que des mesures préventives pour se prémunir contre les conséquences de l'escalade dangereuse en Libye y ont été prises. « La Tunisie abrite 1.900.000 ressortissants libyens », a-t-il indiqué. Selon des sources, ces mesures concernent le risque d'un éventuel afflux des réfugiés, surtout des miliciens islamistes armés pris en chasse par les forces de Haftar, ou encore le débordement des combats sur le sol tunisien. Un renforcement du dispositif militaire le long des frontières avec la Libye aurait été décidé avec, notamment, un renfort en hommes et en matériel. Evoquant l'affaire de l'enlèvement de l'employé de l'ambassade de Tunisie à Tripoli, Mohamed Becheikh, et du diplomate Laroussi Kontassi, Ben Jeddou a déclaré que son gouvernement est en train d'étudier d'autres issues à ce problème, à la lumière des efforts déployés par la cellule de crise créée au sein du ministère des Affaires étrangères. « Les prochains jours pourraient nous apporter de bonnes nouvelles concernant les deux otages », a-t-il lancé. Sur un autre plan, Ali Seriati, ancien directeur de la sécurité présidentielle tunisienne, accusé d'avoir facilité la fuite du président déchu Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011, est sorti, hier, de prison.