Photo : Slimene S.A. Suscitant jusqu'à présent une polémique, l'abolition de la peine de mort a été hier l'un des principaux points évoqués par de nombreux juristes au cours d'une conférence-débat au forum d'El Moudjahid sur la réforme du tribunal criminel. Des juristes à l'image de M. Djamel Bouzeritini, président du centre d'études et de recherche juridiques et judicaires, ont plaidé l'ouverture d'un réel débat sur cette question. « Les avis divergent sur l'abolition ou non de la peine de mort. D'où la nécessité d'engager un débat et une réflexion pour distinguer les tenants et les aboutissants ». Conscients de l'importance mais surtout de l'impact de cette démarche, M. Bouzertini a souligné que le centre est disposé à abriter ce genre de rencontre à même d'impliquer tout ceux qui s'y intéressent. Exprimant son avis sur cette même question, Maître Chama, membre de la ligue de la défense des droits de l'homme, estime que la grande réforme de la justice consiste en l'abolition de la peine de mort. « Il y va de la psychologie du magistrat qui prononce ce verdict et ôte par la même sentence la vie à autrui », a-t-il souligné. Se référant au cas de M. Gharbi, agé de 75 ans, condamné en juillet dernier à la peine capitale, pour avoir tué un repenti (à l'Est du pays), ce même intervenant souligne que la législation algérienne est appelée à revoir ce chapitre et qu'aucun militant des droits de l'homme ne peut tolérer le maintien et l'application de cette peine. « Depuis l'investiture du président de la République, aucun texte de loi n'évoque la peine de mort, il faut constitutionnaliser l'abolition de la peine de mort dès lors que nous nous apprêtons à la révision de la Constitution », a souligné Me Chama estimant qu'un réel débat sur ce sujet nous permet de discerner où veut parvenir l'autorité politique, d'autant plus que l'Algérie a ratifié en 1986 le pacte international des droits civiques et politiques. Adopté en 1966, ce pacte comptait, en 2003, 149 signataires. La ratification en 1986 par l'Algérie d'un protocole facultatif s'inscrivant dans le cadre du protocole précité, met les institutions juridiques concernées dans l'obligation de respecter ses engagements. C'est ce qui explique d'ailleurs le projet de la réforme du tribunal criminel. Pour Maître Brahimi, l'initiative est louable. « Des efforts ont été consentis, il faut les encourager et y adhérer totalement », a-t-il souligné.