Le président de la Commission des droits de l'homme, Me Farouk Ksentini, a appelé les policiers à respecter la dignité des détenus quel que soit leur crime. Maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale des droits de l'homme, (Cncppdh) a regretté, hier, les sévices dont ont fait l'objet des détenus dans les commissariats de police. Intervenant lors d'une conférence au centre de presse d'El Moudjahid, Me Ksentini a appelé les policiers à respecter la dignité des détenus quel que soit leur crime. Interpellé sur l'affaire des policiers de Blida, condamnés à la prison pour avoir torturé des détenus dans le commissariat il y a quatre jours, Me Ksentini a reconnu l'existence de ce fait dans des commissariats. Il a, cependant, noté qu'on ne peut pas généraliser ce constat sur l'ensemble des commissariats. S'exprimant sur la situation des droits de l'homme en Algérie, les deux juristes qui ont animé cette conférence, Me Farouk Ksentini et Miloud Brahimi, ont souligné que la situation des droits de l'homme en Algérie s'est améliorée. Sans prétendre dire que l'idéal est atteint, ils affirment, toutefois, que les choses se corrigent. «En comparaison avec les pays du monde arabe et du Maghreb, on peut dire que notre pays a quelques longueurs d'avance en matière de respect des droits humains», a soulignés Me. Ksentini. Cette avancée est justifiée, selon eux, par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui a «réhabilité la paix civile». Sur une question concernant l'impunité qu'aurait assurée cette charte à des assassins, Me Ksentini a invité à faire la séparation entre une politique d'un Etat et le point de vue des individus. Pour lui, les victimes du terrorisme ne doivent revendiquer que «la réparation financière». L'autre question qui a été évoquée est la peine de mort. Rappelant que des peines capitales sont prononcées chaque jour dans les tribunaux criminels algériens, sans pour autant être exécutées, les deux conférenciers ont appelé à l'abolition pure et simple de ce châtiment. Ils suggèrent par contre, l'introduction du crime contre l'humanité dans la législation algérienne ainsi que l'adhésion à la Cour pénale internationale. Concernant les questions sociales, les invités du Forum d'El Moudjahid ont dénoncé le recours à des peines d'emprisonnement contre les harraga. «L'Etat doit s'interdire de juger des harraga car c'est une atteinte aux principes fondamentaux des droits de l'homme», ont ils soulignés ajoutant que la prison n'est pas une solution pour endiguer ce phénomène. D'autres questions étaient abordées par les deux juristes. Ainsi, selon Farouk Ksentini, l'affaire des prisonniers algériens en Libye, au nombre de 56, condamnés à l'amputation de la main, à la peine capitale ou à perpétuité, est sur le point d'être résolue. Selon le président de la Cncppdh, les responsables des deux pays se sont mis d'accord pour le transfert de ces prisonniers en Algérie pour qu'ils y purgent leurs peines.