Le général à la retraite, Khalifa Haftar, qui a lancé, vendredi dernier, à Benghazi, une opération militaire contre des groupes qu'il a qualifiés de « terroristes », fait fi des menaces de l'état-major de l'armée régulière et du Premier ministre par intérim, l'accusant de tentative de coup d'Etat. Il annonce qu'il reprendra, dès la réorganisation de sa « Brigade 17-Février » en « armée nationale libyenne », la « purge » de la capitale de l'est du pays des milices islamistes ou autonomistes lourdement armées issues de la révolution et qui font régner leur loi. « Chaque bataille est suivie d'une réorganisation de nos unités. Et nous allons revenir avec force jusqu'à l'atteinte de nos objectifs », dit-il demandant aux habitants des quartiers de Guewercha (ouest) et de Sidi Fradj (sud) de quitter les lieux des combats pour lui permettre de « répondre » à leur appel pour les défendre contre les terroristes. Les analystes s'interrogent, après les premiers bilans de cette offensive (79 morts et 141 blessés selon le ministère de la Santé) sur les objectifs réels de Khalifa Haftar, originaire de l'Est, qui a, à la fin des années 1980, déserté l'armée de Kadhafi et passé près de 20 ans aux Etats-Unis avant de rentrer en 2011 pour participer à la « révolte ». Surtout quand ils apprennent qu'il a l'appui d'officiers et d'unités de l'armée y compris de l'aviation. Des « mutins » que Nouri Abou Sahmein, le président du Congrès général national, veut juger. « Tous ceux qui ont participé à cette tentative de coup d'Etat vont être poursuivis par la justice », prévient-il. Haftar laisse entendre qu'il respecte la légitimité de l'Etat. « Notre objectif n'est pas de prendre le pouvoir mais d'éradiquer le terrorisme, de purger Benghazi des terroristes », dit-il, accusant ainsi le pouvoir en place à Tripoli, qui a déclaré une « zone d'exclusion » aérienne sur Benghazi, de « rouler » pour les djihadistes qui veulent transformer la Libye en fief d'al-Qaïda. En théorie, ces milices dépendent du ministère de la Défense libyen, en réalité elles sont indépendantes. D'où la multiplication des assassinats de militaires et de policiers dans cette ville. Le général Khalifa Haftar, qui répète depuis février dernier qu'il ne reconnaît pas les autorités de transition, dont le « mandat a déjà expiré et qui sont rejetées par le peuple », mettrait-il, depuis vendredi, son plan de coup d'Etat en marche ? Certains observateurs estiment que l'offensive de vendredi pourrait l'être, d'autant que beaucoup de Libyens à Benghazi voient en lui l'homme qui pourrait débarrasser le pays des extrémistes et d'un pouvoir de transition sous l'influence des islamistes. Une explosion s'est produite, samedi dernier, dans les locaux d'une radio religieuse d'Ansar Asharia, dans le centre de Benghazi, et le sud de Tripoli a connu, hier, des échanges de tirs nourris.