Benghazi compte ses morts. L'offensive déclenchée par les troupes du général libyen à la retraite, Khalifa Haftar, contre les milices armées islamistes a fait, hier, au moins 43 morts et près de 146 blessés. Selon l'armée, des unités de l'aviation libyenne loyales à Haftar, ont bombardé, dans la matinée d'hier, des positions de groupes d'ex-rebelles islamistes qui tiennent des positions stratégiques dans cette ville de l'est libyen. De violents affrontements ont également opposé des milices à un groupe paramilitaire. Après l'offensive, un calme précaire régnait dans la soirée à Benghazi. Les forces de Haftar s'étaient retirées dans le sud de la ville. Mais la situation tendue a imposé la suspension du trafic aérien à Benghazi durant la journée. Dans la soirée, une source aéroportuaire a annoncé la fermeture de l'aéroport, durant 24 heures, pour «des raisons de sécurité». Khalifa Haftar a décidé de lancer cette opération paramilitaire pour «purger» Benghazi des «groupes terroristes», a-t-il affirmé. Général à la retraite et ancien commandant de la rébellion ayant renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, il a réussi à s'allier des officiers et ex-officiers de l'armée régulière ainsi que des groupes de rebelles pour constituer sa petite armée qui se fait appeler «l'armée nationale» et mener sa première action qu'il a baptisé «Dignité». «Ce n'est pas une guerre civile. C'est une opération de l'armée contre les groupes terroristes», a assuré le porte-parole de la force de Haftar, Mohamed al-Hijazi, qui est lui aussi un ancien officier de l'armée régulière. Le chef d'état-major de l'armée libyenne, Abdessalem Jadallah, a confirmé les bombardements opérés par les avions et hélicoptères de combats ayant rejoint l'armée de Haftar et reconnu que des officiers et des unités de l'armée régulière avaient fait défection et l'ont rejoint, mais il dément toute implication de l'armée régulière dans ces affrontements. M. Jadallah a même appelé dans une déclaration à la Télévision nationale «l'armée et les révolutionnaires à s'opposer à tout groupe qui tente de contrôler Benghazi par la force des armes». De son côté, le chef du gouvernement intérimaire, Abdallah al-Theni, a qualifié la force de Haftar de «groupe hors-la-loi», lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a appelé les ex-rebelles et les habitants de Benghazi à la retenue, affirmant que l'armée libyenne «contrôlait la situation sur le terrain». La réaction des deux responsables libyens peut s'expliquer par leurs craintes de voir Khalifa Haftar devenir trop puissant et imposer ses choix. Ces craintes trouvent leur justification dans une vidéo publiée sur Internet dans laquelle M. Haftar avait annoncé une «initiative» prévoyant la suspension des autorités de transition. De là à comprendre qu'il préparait un coup d'Etat il n'y avait qu'un pas que les responsables libyens ont semble-t-il franchi, d'où leurs condamnations de l'opération du général à la retraite, même si cette dernière visait l'extermination des milices armées radicales. Originaire de l'est libyen, Khalifa Haftar a fait défection de l'armée de Kadhafi à la fin des années 1980. Il est rentré en Libye pour participer à la rébellion de 2011, après avoir passé près de 20 ans aux Etats-Unis. H. G./Agences