« Les visiteurs dans nos musées se font de plus en rares », nous confie Yahia, un agent de sécurité au musée des arts et traditions populaires d'Alger. « Avant, dans les années 1980, nous enregistrions des centaines de visiteurs par jour, mais ces dernières années leur nombre a nettement diminué ». « Mis à part quelques touristes qui viennent visiter, rares sont les personnes qui s'intéressent à ces lieux », nous dit-il. Interrogé sur les raisons de ce désintêret manifeste, il estime qu'« on accorde dans notre société beaucoup plus d'importance aux valeurs matérielles ». Les parents « n'ont pas de temps à accorder à ce genre d'activités très instructives, notamment pour les enfants » déplore notre interlocuteur. Le Musée national des antiquités enregistre aussi une diminution constante du nombre de visiteurs. En 2006, leur nombre était de 5.848 alors qu'en 2010, il a régressé pour n'atteindre que 4.237. En 2013, selon une responsable d'animation dans cette structure qui compte d'intéressantes pièces à découvrir, il n'a pas dépassé la barre de 3.000. « Il y a beaucoup de gens qui passent par cette place mais ils ignorent que c'est un musée, donc il passe inaperçu ». A cet effet, la plaque qui indique et signale les lieux suffira-t-elle pour attirer des visiteurs ? Azzeddine semble, par contre, plus optimiste. Il travaille au Musée public national d'art moderne et contemporain d'Alger (Mama). Il voit de nombreuses familles qui continuent de s'y rendre régulièrement. Pour attirer les visiteurs, le musée organise des expositions presque toutes les trois semaines. Il y a un dynamisme qui tranche avec la discrétion, voire l'effacement dont font preuve d'autres musées. Seul bemol, le billet d'accès de 200 DA est jugé un peu coûteux pour les visiteurs. Secouer la torpeur Le musée le plus envoûtant de la capitale demeure toutefois le musée du Moudjahid. Il permet à ses visiteurs d'entreprendre un voyage à travers l'histoire de notre pays et de découvrir les multiples facettes de notre histoire contemporaine. Il met en lumière les moments les plus importants de la glorieuse guerre de Libération qui marque encore les mémoires. Selon l'un de ses responsables, le musée attire des visiteurs pour la valeur et l'intérêt de ses collections, son emplacement et ses commodités d'accompagnement. « Makam echahid est vaste. C'est un lieu touristique et, en plus, il contient une aire de stationnement », nous explique-t-il. Le palais Mustapha Pacha rebaptisé Musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie et le palais des raïs (Bastion 23) semblent aussi bien gérés. On n'y est jamais à court d'activités pour attirer les visiteurs. L'entrée dans le premier est gratuite et les visites guidées sont dirigées par le personnel du musée très disponible . En direction des écoliers et collégiens, la direction du musée prend des initiatives et des mesures pour susciter l'intérêt et la curiosité. Au Bastion 23, la direction travaille également pour inculquer la culture muséale aux enfants. On n'active pas seulement lors du mois du patrimoine, mais tout au long de l'année. « Le musée organise, à chaque occasion, des manifestations culturelles comme des pièces théâtrales et des ateliers de musique avec les écoles et les associations. Ces ateliers sont des moyens de divertissement pour les enfants qui auront également l'opportunité de visiter le musée » nous affirme l'attaché de conservation et de valorisation. Toutes ces initiatives vont-elles faire grossir le flux des visiteurs ?