Patrimoine - L'Algérie dispose de nombreux musées, notamment à Alger. Mais les Algériens ne s'y rendent que durant les occasions et les différents festivals. Les visiteurs de nos musées se font de plus en rares. En atteste Saïd, un agent de sécurité dans un musée de la capitale. «Avant nous enregistrions des centaines de visiteurs par jour, mais ces dernières années ce nombre a nettement diminué», nous dit-il. Interrogé sur les raisons de cet abandon regrettable, il a estimé que «les gens accordent beaucoup plus d'importance au matériel et n'ont pas de temps à accorder à ce genre d'activités très instructives pour les enfants notamment». Pour sa part, Ahmed semble plus optimiste. En effet, il estime que de nombreuses familles continuent de se rendre régulièrement aux différents musées de la capitale, notamment les deux musées de l'Armée et du Moudjahid. Les musées offrent à leurs visiteurs un voyage à travers l'histoire de notre pays et également des détails importants sur nos ancêtres et leur vie. Ces dernières années, plusieurs initiatives ont été entreprises pour redorer le blason de nos musées, à l'instar de l'ouverture de deux nouveaux établissements, le premier dédié aux arts modernes, le MAMA, et le deuxième à la miniature au palais Mustapha-Pacha à la Basse Casbah, et un projet de musée marin. S'y ajoutent les divers travaux de restauration dont ont bénéficié nombre de ces institutions, tels le musée du Bardo à Alger, le musée de Cherchell et le Musée des Beaux-Arts. Certains ont enrichi leurs collections grâce à des achats et des dons. D'autres ont organisé des ateliers de restauration et de conservation en collaboration avec des experts étrangers. Tous ces efforts déployés sont louables. Mais, le public boude toujours les musées. Cette situation est le résultat de nombreux paramètres, dont l'état de léthargie dans lequel demeurent nos musées qui se contentent d'ouvrir leurs portes et d'attendre des visiteurs qui ne viennent jamais. Peu d'activités extra-muros qui feraient sortir le musée de ses murs sont entreprises. Le musée algérien paraît bel et bien coincé dans son statut classique qui en fait un lieu où sommeillent des vieilleries ne pouvant intéresser que d'hypothétiques touristes et quelques rares citoyens. Et ce ne sont pas les expositions organisées de temps en temps qui inverseraient la tendance. En fait, on ne pense pas à aller au musée, on n'en voit pas l'intérêt, tout simplement. En somme, ce n'est pas d'un musée riche et intéressant qu'ont besoin les Algériens mais d'une éducation et d'une initiation aux arts et à la culture.