Théâtre d'une guerre civile et objet d'une crise sans précédent entre la Russie et les pays occidentaux, l'Ukraine élit, aujourd'hui, son nouveau président de la République, tel qu'édicté dans la feuille de route établie par les nouvelles autorités au lendemain de leur prise de pouvoir en février dernier. Quelque 36 millions d'électeurs sont appelés à trancher entre les trois principaux rivaux, les deux pro-occidentaux, le milliardaire Petro Porochenko et l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko d'un côté, et le pro-russe Serguiï Tiguipko. Petro Porochenko, qui a prôné l'intégration de l'Ukraine à l'Otan, est donné favori confortant son avance avec plus de 44% des intentions de vote. Il devance Timochenko (8%). A la vielle du scrutin, le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a appelé à un vote massif pour donner « un pouvoir légitime ». Mais la tâche n'est pas aussi aisée au moment où à l'Est pro-russe, les combats se sont poursuivis vendredi, au lendemain de la mort de 18 soldats ukrainiens. Ainsi, Kiev a déployé 55.000 policiers et 20.000 volontaires pour assurer la sécurité du scrutin. De leur côté, les séparatistes ont promis d'empêcher le déroulement du vote dans l'Est, où les 8 millions d'habitants boycotteront le rendez-vous. Selon les dernières données de la commission électorale, plus de la moitié (20 sur 34) des commissions électorales des régions de Donetsk et Lougansk ne peuvent pas fonctionner. Grande surprise de l'évènement : le président russe Vladimir Poutine qui a annoncé, vendredi, qu'il respecterait le « choix du peuple ukrainien » et travaillerait avec le chef de l'Etat élu, un geste d'apaisement sans pour autant dire qu'il reconnaîtrait le président. « En principe, en vertu de la Constitution, il ne peut y avoir d'élection car le président (Viktor) Ianoukovitch (...) est le président en exercice », a-t-il néanmoins tempéré en dénonçant, une nouvelle fois, un « coup d'Etat » soutenu par « ses amis Américains » qui a conduit au départ de Ianoukovitch. Pour le maître du Kremlin, l'Ukraine est dans une situation de chaos et de « véritable » guerre civile. Le chef d'état-major de l'armée russe, le général Valeri Guerassimov, a assuré que le retrait des troupes russes déployées près de la frontière de l'Ukraine se ferait dans les vingt prochains jours. Des gestes d'apaisement « salués » par le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Dechtchitsa qui dit « espérer qu'ils seront suivis d'actes concrets ».