Un vibrant hommage particulièrement empreint d'émotion, d'authenticité et d'humilité a été rendu par la troupe Sidi Blel de Bechar à l'un des maâlmine de la ville, El Hadj Damou, pour commémorer sa disparition en portant son legs rituel sur la scène du stade communal de Bechar. Programmée en compétition officielle du 8e Festival national de musique diwan qui se tient à Bechar depuis vendredi, la troupe a, pour la première fois, fait monter sur scène une authentique « mhella » (coffret contenant les accessoires mystiques du diwan), celle du défunt, disparu il y a 16 ans. Constituée des frères du maâllem disparu, la troupe a mis l'accent sur « el aada » (procession) et l'aspect spectaculaire de cette dernière en plus du choix de bradjs (morceaux) accompagnés de danses énergiques et impressionnantes nécessitant l'utilisation des « khdama » (couteaux) et des « boulalates » (cravache) symbolisant l'extériorisation de la douleur due à la traite humaine. Perpétuer la tradition familiale et porter sur scène un legs ancestral authentique avec tous ses symboles pour le rendre visible au grand public tout en rendant hommage à son dépositaire, était la conception du passage de la troupe. Dans un registre tout aussi ancré dans le diwan traditionnel, le maâllem Youcef Mazouzi a, quant à lui, étalé son savoir-faire sur scène, éblouissant les jeunes troupes locales présentes dans le public avec des bradjs très peu connus, comme « chikirouba ». Montant sur scène avec son fils, deuxième joueur de goumbri qui devrait assurer la relève dès la prochaine édition, maâllem « youz », comme aiment à l'appeler les adeptes, s'est démarqué par son aisance sur scène en accompagnant pas à pas, goumbri à la main, les danseurs de la troupe. Très ouvert aux musiques du monde, ce maâllem mélomane avait déjà tenté sur la scène de Bechar une expérience de fusion en intégrant le saxophoniste du groupe Raïna Raï à sa formation musicale, « sans jamais y perdre l'âme du diwan ». Enflammant le nombreux public du stade, pas moins de 4 000 spectateurs, dès son entrée sur scène, Hasna El Becharia, la diva du goumbri, a présenté au public bechari sa formation féminine peu commune dans la région. Avec sa voix digne d'une chanteuse de blues, Hasna passant avec fluidité du goumbri à la guitare, a repris ses plus grands succès sur scène devant un public qui les connaissait déjà par cœur et attendait son concert avec impatience. Les rythmes, pourtant simples, mais très entraînants de Hasna ont eu raison de l'inertie habituelle du public de Bechar qui s'est révélé être très friand de musique contemporaine tout en restant un auditoire conservateur et attentif lors des spectacles de diwan.