L'enfant algérien ne baigne pas dans le bonheur absolu. Depuis quelques années sont même apparus des phénomènes comme le kidnapping ou les viols qui alimentent une peur chez de nombreux parents. De nombreux faits divers ont indigné et semé l'effroi ces dernières années dans les familles. Ce n'est pas seulement la scolarité perturbée par les grèves, des programmes ou des méthodes pédagogiques parfois décriées qui inquiètent. La paupérisation qui a touché certaines catégories de la population s'est également accompagnée de l'émergence de la mendicité, du travail des enfants qui n'a cessé de prendre de l'ampleur. La vue des bambins en bordure des routes n'est en rien comparable à d'autres de leur âge qui s'échinent dans les marchés. Trop vieux pour étudier et trop jeunes pour travailler, ils sont réduits à des métiers durs et précaires. Dans certaines régions, on observe également un phénomène de déscolarisation qui touche surtout les jeunes filles. La condition de cette catégorie de la population n'offre pas pour autant un tableau de désespérance absolue. Ils sont des millions à fréquenter les établissements scolaires dans un pays où le niveau de scolarisation est l'une des meilleures réussites depuis l'indépendance. L'Algérie n'a rien de commun avec ces pays où les enfants sont les victimes toutes désignées de la guerre ou de l'ignorance. Elle a certes traversé la décennie noire avec son lot d'horreurs où le nombre d'orphelins a été un des aspects les plus terribles et poignants de la tragédie. Aujourd'hui, elle semble être à l'abri de telles violences et les pouvoirs et la société à travers de nombreuses associations et divers dispositifs ont pu cautériser cette blessure béante. Les violences ne sont pas seulement liées à cette période. L'enfant peut être aussi victime de l'inconscience des grands à l'image de ces pères qui ne versent pas la pension alimentaire à leurs enfants obligeant l'Etat à mettre en place un fonds d'aide aux femmes divorcées. Ecarts Dans un monde ou environ 8.000 nouveau-nés meurent chaque jour, nonobstant les manques et la désorganisation de certains services de santé, l'enfant en Algérie est préservée des maladies dont la plupart sont éradiquées. Les enfants handicapés ou atteints de maladies comme le cancer bénéficient, sur le plan législatif, en matière de soins ou d'équipements, d'une attention soutenue. Ainsi, près de 18.000 enfants et adolescents handicapés sont inscrits dans des écoles spécialisées. Certains chiffres officiels parlent d'eux-mêmes. L'effort financier pour l'acquisition des vaccins est passé de 251 millions DA en 1997 à 2.528 millions DA en 2012. La mortalité infantile de 46,8 pour 1.000 naissances vivantes en 1990 est retombée à 24,8 pour 1.000 naissances vivantes en en 2009 et à 17 pour 1.000 naissances vivantes en 2012. Dans les villes ou dans les campagnes, le petit algérien se familiarise de plus en plus avec les outils de la technologie moderne. S'il n'est pas au même niveau que les enfants des pays développés, il n'ignore rien des musiques, des inventions les plus récentes. Beaucoup de pères se retrouvent déboussolés et dépassés par l'éveil de leur progéniture. Il n'est pas seulement un petit berger (encore que c'est une activité qui n'a rien de dégradant ou d'avilissant) dans les villages de montagnes ou des Hauts-Plateaux. Il fréquente aussi des écoles privées, voyage. Tout le monde n'attend que les sorties qu'organisent les DJS pour aller découvrir la plage et y passer la journée. Mais il subsiste encore des écarts entre cette minorité dorée et choyée et la majorité qui vit dans des quartiers ou des cités dépourvues d'infrastructures de proximité. Les pouvoirs publics ont pris conscience et ont réalisé des stades, des piscines, des espaces récréatifs. Dans un pays de jeunes, où le besoin de loisirs s'affirme de plus en plus et l'effort colossal paraît insuffisant. Il doit être conforté partout au cours des prochaines années.