Délit - La mendicité constitue une violation des droits de l'enfant. Mais cela importe peu pour les autorités qui restent inertes face à ce fléau méprisable aussi bien pour ces mineurs que pour toute la société. Le phénomène a atteint un seuil intolérable au vu et au su des autorités qui ne semblent pas être dérangées par toutes ces crèches informelles qui envahissent nos rues. 84 % de ces enfants s'adonnent à la mendicité pour aider leurs parents tandis que 16 % le font pour répondre à des besoins personnels, selon l'étude analytique initiée par le Réseau de défense des droits de l'enfant Nada en 2012. Ce qui remet totalement en cause l'idée selon laquelle la mendicité des enfants est un business juteux profitant à certains réseaux. Les résultats de cette étude révèlent que 74 % des enfants mendiants sont accompagnés d'adultes et 55% d'entre eux sont âgés de 12 à 18 ans. 32,5 % font partie de la catégorie des 8-12 ans contre 12,5 % pour celle des moins de 8 ans, selon la même étude. Les enfants de la ville sont les plus touchés par la mendicité par rapport à ceux des régions rurales qui semblent ne pas offrir les conditions favorables à l'exercice de cette activité avec moins d'opportunités de rencontres et de donateurs. Les petits mendiants recourent à des ruses, à des mots attendrissants et saisissants pour apitoyer les passants. Ce vocable qui tient toujours la route et permet à cette population de vivre témoigne d'un malaise social de moins en moins supportable. Plus de 70 % des enfants mendiants souffrent de problèmes sociaux, a révélé Nada. La pauvreté est parmi les premiers facteurs qui poussent les enfants et les adolescents à fuir leur domicile pour se jeter dans les bras de la rue. Leur premier souci est de se nourrir car c'est de ça qu'il s'agit avant tout autre droit et dont ils entendent à peine parler. Seuls 37% des 55% d'enfants interrogés, âgés entre 12 et 18 ans, fréquentent l'école contre 49.61 % des enfants âgés entre 8 et 12 ans Outre la déscolarisation, l'enquête fait état de nombreux enfants manquant à l'appel à l'état civil. Ils n'ont jamais été inscrits et ne figurent dans aucun fichier et bien sûr ils ne peuvent bénéficier d'aucun papier administratif. Ils sont tout simplement inexistants. L'analphabétisme, le mariage précoce des parents, le divorce, les conflits conjugaux et les familles recomposées sont les principaux facteurs qui poussent de nombreux enfants à s'adonner à cette activité. «La dislocation de la famille et la démission des parents au sein de la famille ont joué un grand rôle dans la prolifération de ce fléau», atteste Mme Louisa Ferchane, psychologue ajoutant que «la pauvreté et l'ignorance favorisent la déviation de cette catégorie vers la délinquance tels le vol, la drogue, la prostitution... ». Autre preuve, autre signal d'alarme, «la majorité des enfants exploités dans la mendicité sont des enfants de mères célibataires». 40 % d'entre eux sont des garçons dont l'âge ne dépasse pas huit ans contre 40 % de filles, selon Nada. Pour la catégorie d'âge située entre 8 et 12 ans, les filles constituent 57.69% et 42.30 % de sexe masculin. Beaucoup vivent dans la rue depuis leur naissance. Pour garantir leur dose de drogue, d'alcool et de cigarettes ils n'hésitent pas à se lancer dans la mendicité à défaut de la prostitution.