C'est l'heure de vérité pour les 3.614 candidats à l'examen de baccalauréat de la wilaya de Ghardaïa. L'épreuve se déroule, cette année, « sous haute surveillance » en raison des affrontements intercommunautaires survenus dans la région. « Le bac est une épreuve décisive pour tout le monde à Ghardaïa. Ce sont ces jeunes qui étaient directement concernés par le conflit », reconnaît Mahmoud El Hali, chef de la daïra de Ghardaïa. Toutes les mesures ont été prises pour assurer le bon déroulement de ces épreuves à travers les communes concernées notamment Bounoura et Ghardaïa, où les lycéens ont été fortement perturbés durant cette année scolaire. « Nous avons mobilisé tous les moyens dont des bus pour le transport des encadreurs et des candidats vers les centres d'examen », assure El Hali. Ceci s'ajoute au renforcement du dispositif sécuritaire autour des centres, au niveau des places publiques et sur les itinéraires. Le lancement officiel de l'examen du bac va se faire au niveau du centre Abderrahmane-Benrostom, situé au centre ville. A Ghardaïa, les lycées ont été le théâtre de violence physique et verbale durant ces derniers mois. Des établissements ont été incendiés et ravagés. Faute de transport et par manque de sécurité, certains établissements ont été désertés par les élèves, tous paliers confondus. La situation s'est aggravée avec le retrait des enseignants, le refus des élèves quant à la scolarisation commune et le boycott des cours décidé par les associations des parents des élèves. Cela a engendré un important mouvement de transfert des lycéens. Le but était de séparer les élèves des deux communautés de manière à permettre le retour à une scolarisation normale. Le retard accusé dans les cours a été, tant bien que mal, rattrapé. Les autorités locales ont concentré leurs efforts sur les candidats au bac. Des cours intensifs ont été dispensés à ces élèves pour avancer dans l'application du programme officiel et atteindre le seuil décidé par le ministère de l'Education nationale. Dénonçant certaines attitudes négatives, les associations des parents d'élèves mozabites ont décidé de retirer leurs candidats des écoles publiques et de les placer dans des écoles « libres » où ils ont été mis sous le régime de stage bloqué de plusieurs semaines. Les élèves de la communauté malekite ont poursuivi leur scolarisation dans les établissements publics. Les candidats se sont plaints de « la forte pression » qu'ils ont dû endurer et affirment qu'ils ne sont pas « prêts » à passer cet examen vu que la révision ne s'est pas faite de manière pédagogique. En outre, le déplacement des familles vers d'autres lieux et l'incendie des maisons ont beaucoup perturbé ces candidats. Pour l'organisation du bac, l'académie de Ghardaïa a réparti les candidats selon leurs choix. A Ghardaïa et Bounoura, les postulants des deux communautés sont pratiquement séparés, sauf dans quelques cas exceptionnels où les concernés ont émis le vœu de ne pas changer d'établissement. « Nous sommes en train de gérer une situation exceptionnelle. L'examen est important, c'est pour cela que nous avons pris en considération d'abord l'état psychique du candidat avant toute chose », signale Khoudir, membre de la commission de suivi des examens.