-La scolarité à Ghardaïa a été sérieusement perturbée depuis décembre dernier. Comment allez-vous rattraper ce retard à la veille des examens nationaux ? Nous ne sommes pas en crise, nous devons simplement gérer une situation particulière. Quatre lycées et un collège ont connu de sérieuses perturbations en décembre et en mars derniers. Au début, les écoles primaires ont été occupées par des familles dont les maisons ont été incendiées, ce qui a un peu perturbé la scolarité. Dans certaines grandes écoles, des classes ont été occupées par des sinistrés, d'autres par des écoliers. Mais aussitôt libérées, ces écoles ont repris leur rythme normal. La scolarité a bien été perturbée, mais c'était lorsque la direction de l'éducation n'avait pas encore mis à la disponibilité des enseignants un transport spécial. Mais actuellement, la situation est stable. Grâce aux différentes associations de parents d'élèves, des comités de quartier et des chefs d'établissement, nous avons pu gérer cette situation. Nous avons surtout pu achever le programme officiel. Des conseillers d'éducation et d'orientation et des psychologues ont été mobilisés pour prendre en charge nos écoliers touchés. Nous avons même décidé de donner aux candidats aux examens nationaux des cours de rattrapage. -Les candidats, en particulier ceux du bac, affirment ne pas être au niveau pour les examens. Pensez-vous qu'un seuil spécial devrait être attribué à la wilaya ? Nous sommes dans la limite des cours fixée par le ministère. Nous avons même une avance dans les programmes. Il n'y a pas lieu d'alarmer les candidats et d'inquiéter les parents. D'ailleurs nous espérons relever un défi : obtenir pour Ghardaïa un meilleur taux de réussite que celui des années précédentes. Seul un retard dans les cours est enregistré dans les filières de comptabilité, comme c'est le cas dans les autres régions du pays chaque année. -Les candidats au bac demandent des mesures exceptionnelles. Qu'avez-vous à leur répondre ? Les candidats passeront leur bac dans la même République. Il n'y aura pas de dispositif particulier pour nos candidats. Je n'ai pas saisi le ministère sur ce point. Je suis convaincu que certains veulent la fitna pour profiter de la situation. Je le répète : nous sommes dans une situation normale et toutes les mesures et les conditions sont réunies pour un bon déroulement des examens nationaux, y compris le bac. Le sit-in devant la direction de l'éducation la semaine passée a été organisé par une majorité de redoublants qui veulent une deuxième session et cherchent à accéder à l'université à n'importe quel prix. -Selon les enseignants, vous trouvez des difficultés à mettre en place les chefs des centres d'examen et à établir votre liste définitive pour l'encadrement du bac… Aucun enseignant ou chef de centre affecté à ces postes n'a refusé. Ils n'ont d'ailleurs aucun droit de s'opposer à notre décision. Le même dispositif mis en place au début de l'année, avant même les affrontements, sera appliqué en juin sans aucun changement. Il ne faut seulement pas baisser les bras. Nous n'avons plus de temps à perdre. -Plusieurs enseignants se disent inquiets de la façon dont les examens vont se dérouler. N'est-il pas plus prudent d'affecter, à titre exceptionnel, un encadrement spécifique ? Nous sommes dans un pays indivisible et nous devons éloigner l'école de la politique et de tout mouvement idéologique. Il est vrai que nous sentons ces derniers jours une adversité et une rancune chez les écoliers, mais nous essayons de dépasser ce phénomène. Malheureusement, la donne a changé à Ghardaïa et c'est maintenant la société qui influence l'école. Des mesures ont été prises pour punir les enseignants qui tentent de mêler l'école à ce conflit. Nous cherchons à faire respecter sans exception les traditions et les coutumes des uns et des autres et d'interdire la violence verbale et corporelle, selon la loi directrice de l'éducation de 2008.