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Les yeux braqués sur les examens scolaires
Ghardaïa
Publié dans Horizons le 27 - 05 - 2014

Les 7.929 élèves de fin du cycle primaire de la wilaya de Ghardaïa vont passer, aujourd'hui, leur examen. La direction de l'éducation de la wilaya, à travers la commission de gestion et de suivi du déroulement des examens, a mis en place tous les moyens humains et matériels pour la réussite de cette épreuve. Ainsi, 52 centres d'examen dans 13 communes seront ouverts pour accueillir les candidats. Le staff de l'encadrement a été dispatché à travers tous les établissements. Les observateurs dépêchés par le ministère de l'Education nationale sont arrivés deux jours avant le début des épreuves pour s'enquérir de la situation. Et pour cause, les examens de fin d'année se déroulent dans une conjoncture particulière dans cette wilaya qui a été le théâtre, six mois durant, d'évènements tragiques causés par des affrontements entre les deux communautés ibadite et malékite. « Toutes les mesures ont été prises pour la réussite de cette session », rassure Azzeddine Djilani, directeur de l'éducation de la wilaya. Ces mesures sont de plusieurs aspects. « Aucun candidat n'aura pas parcourir plus de 500 mètres pour rejoindre le lieu du déroulement de l'examen », affirme-t-il, faisant allusion aux élèves, notamment ds communes de Ghardaïa et Bounoura, ayant changé de lieu de résidence après les attaques subies de part et d'autre, et contraints de changer, ainsi, leur lieu de scolarisation en plein milieu de l'année scolaire. « Tous les élèves ont été inscrits pour passer cet examen. Nous n'avons enregistré aucun cas d'abandon dû aux évènements. Tous ceux qui ont fait des transferts vers d'autres établissements pour poursuivre leur scolarité ont été admis dans d'autres écoles où ils passeront leur examen », ajoute-t-il. Les écoliers auront droit à un repas durant le déroulement de l'examen. Les établissements primaires n'ont pas subi de dommages matériels pendant ces évènements. La direction a, toutefois, enregistré le cas des familles ayant occupé des établissements comme refuge après avoir perdu leurs foyers. « La wilaya s'est occupée de l'évacuation de toutes les familles pour permettre la scolarisation, de nouveau, des élèves. Il reste seulement le cas des quatre salles occupées par des familles à Gabani Mohamed. Leur présence ne risque pas de gêner les élèves vu les mesures prises », assure Djilani. Les mêmes conditions sont réunies pour le déroulement de l'examen du BEM. Néanmoins, le transfert n'a pas beaucoup touché les CEM, en dehors de quelques cas signalés et vite réglés. « Nous sommes dans une phase de gestion de la crise en proposant des solutions provisoires. Le transfert est, certes, un droit pour l'élève, mais pas au détriment des capacités des établissements », souligne le directeur de l'éducation.
Le bac : un casse-tête
Dimanche prochain, ce sera le tour des candidats au bac de rejoindre les 32 centres d'examen désignés à cet effet. La gestion de cet examen n'a pas été une tâche facile pour les élèves, leurs parents et les responsables du secteur vu la tension qui a régné durant les six mois précédents au niveau de quelques établissements,. Le cursus scolaire a été perturbé dans six lycées où sont scolarisés les élèves des deux communautés. Le nombre de transfert des élèves a été également très important. « Pour les examens, nous avons laissé le choix aux candidats afin de les mettre à l'aise », indique le directeur de l'éducation, soulignant que « la répartition des candidats dans les centres d'examen a été dictée par les critères de la situation provisoire vécue dans la région ». Ainsi, les candidats des deux communautés passeront leur examen dans les mêmes établissements. « Nous avons fait une répartition de manière à répondre au souhait du candidat d'abord, puis assurer un déroulement normal des examens », explique Djilani. Un traitement spécifique a été consacré aux six établissements touchés par les évènements où la répartition des élèves s'est faite selon la présence de la communauté en dehors de quelques cas de lycéens ayant refusé le changement.
Rattrapage intensif pour atteindre « le seuil »
Il n'en demeure pas moins que le retard accusé dans le déroulement des cours a été important dans les quatre lycées parmi ceux touchés par les violences. Le programme de rattrapage arrêté par la direction a permis de rattraper ce retard et d'atteindre le seuil des cours que les candidats sont appelés à réviser. Les établissements sont ouverts à ce jour pour les candidats désireux de suivre des cours de soutien. Un travail énorme a été fait par les psychologues dépêchés en février dernier pour les aider à reprendre une vie normale. Bachir Raï, directeur du lycée Imam Aflah, est optimiste et assure que le bac blanc s'est déroulé « sans incident », ce qui donne encore de l'espoir sur le déroulement de la session finale. Le retard dans l'application des programme officiels engendré par les évènements et les opérations de transfert des élèves a été rattrapé « grâce à la mobilisation des enseignants qui n'ont pas observé de grève à la reprise des cours ». « Les candidats sont, certes, touchés psychologiquement, mais on s'attend à de bons résultats quand même », observe-t-il. Mais au lycée Filali et Bounoura, la situation est autre. « On s'occupe actuellement à prendre en charge l'état psychique des candidats et de leur donner des conseils pour la concentration », signale son directeur, Noureddine Azouz. Le lycée Filali se retrouve, aujourd'hui, avec 1.400 élèves du fait des nombreux transferts opérés récemment. « Les lycéens ont eu du mal à s'adapter aux nouvelles conditions dans les nouveaux établissements », relève-t-il. Face au refus des enseignants de continuer à dispenser des cours, l'absence régulière des élèves qui ne pouvaient pas rejoindre le lieu de scolarisation et la grève des enseignants, le directeur de l'établissement a fait appel aux contractuels. Des cours de 1re et de 2e années secondaires ont été suspendus aux 1er et 2e trimestres. « Nous avons mis à profit cette période pour accélérer le rattrapage des cours pour les terminales », précise-t-il.
Craintes des parents d'élèves
Pour leur part, les responsables des associations des parents d'élèves affichent « une crainte » à propos du déroulement du bac. « Les candidats ne sont pas prêts psychiquement à passer cet examen. Les résultats catastrophiques de l'examen blanc sont une preuve de leur état », signale Cheïkh Salah, responsable d'une association. « On a vraiment peur. On a fait de notre mieux pour prendre en main la situation et répondre à toutes les carences, mais on craint la survenue d'un incident qui peut tout bouleverser », dit-il. Les stages bloqués décidés en faveur des candidats aux examens dans des établissements privés ont permis « de rattraper les cours et mieux préparer les candidats à passer ce cap ». L'association affiche, toutefois, sa « satisfaction » par rapport à la répartition en affirmant que « les parents et élèves ayant choisi de rester dans leurs établissements ont couru un grand risque » car « la sécurisation des centres d'examen est garantie, mais qu'en est-il des chemins y menant ? ». Les enseignants appelés à surveiller les examens du bac et du BEM seront transportés vers les centres d'examen sous escorte. La période des examens verra le renforcement de la sécurité au niveau des centres et des chemins y menant.


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