Elle formait, avec son mari, le compositeur et chanteur Kamel Hamadi, qui composa beaucoup de ses chansons, un duo artistique qui partagea la scène au pays et à l'Etranger. Ils ont chanté « Atviv », « Widh Isyanan » ou « Rouh Rab Adhisshal » le timbre de sa voix donnait par ses répliques de la couleur et de la vigueur aux bluettes redécouvertes et passés depuis à la postérité. « Guelbi Tfakar » dans un succulent style oranais sur la pureté du terroir en duo avec le grand Ahmed Wahbi portait la signature de l'époux. Nora était l'une des premières femmes à chanter en amazigh, notamment devant les souverains des pays arabes lors des semaines culturelles algériennes. Kamel Hammadi aimait raconter cette histoire où Nora, pour faire plaisir à des émigrés de Kabylie, se mit, juste après l'indépendance, à l'apprentissage du kabyle et revint quelques semaines après avec « Idhurar Nagh » hymne au Djurdjura martyrisé par la guerre de libération. Un retrait progressif et la maladie l'ont éloignée des scènes et des studios depuis plus d'une vingtaine d'années. Elle fut toutefois honorée ces dernières années, notamment par la radio chaîne 2 où elle était venue, se montrant à l'occasion très émue. A Tizi Ouzou, sa fille et son époux l'avaient remplacée. A la salle Ibn Khaldoun, en mars 2013, en présence de ses proches et de la ministre de la Culture, elle a entonné un couplet faisant revivre l'espace de quelques minutes l'âge d'or. D'autres femmes ont pris le relais faisant oublier les artistes de sa génération comme Saloua, Meriem Abed, Anissa ou El Ghalia. Qui parmi nous serait pourtant incapable de fredonner un de ses nombreux succès qui ont bercé notre jeunesse ? « Ya ammi Belgacem » supplique d'une jeune fille éprise du fils d'un vénérable paysan ou « Idhourar Nagh » réveillent le bon vieux temps. Celui d'un pays sortant d'une guerre meurtrière où le patriotisme qu'elle a superbement chanté n'était pas démonétisé. L'exil était encore arrachement et souffrance comme elle le décrit dans cette complainte d'une femme dans « Ya Rabi Sidi » qui voit son fils se perdre dans le mariage avec une étrangère. Qui n'a pas frissonné en réécoutant cette immortelle chanson que fut « Ya Ben sidi » interprétée avec Ourad Boumediene , adaptée d'immortels vers de Mustapha Ben Brahim, le barde des Beni Amers dans la région de Bel Abbes « la ville qui vaut mieux que Paris ». Chantant comme beaucoup d'artistes de sa génération indifféremment en arabe et en kabyle, elle était très écoutée. Aucun style algérien ne lui était étranger. Elle excellait dans l'oranais comme dans « Ya Nass » son premier succès qui la signala en cette année 1959 aux producteurs de Pathé Marconi, le sahraoui, le kabyle et les rythmes des Aurès. Dans « Biladi El Djazair » elle nous offre un voyage à travers tout le pays faisant se succéder les richesses et les airs de chaque région. Dans « Dhalamni », elle entonne son chant par les lamentos de la flûte que ne renierait pas Khelifi Ahmed. Elle s'est même permise de chanter en français. Ses paroles sur des musiques tantôt tristes tantôt jubilatoires de toutes les régions d'Algérie la femme gracieuse la chevelure noire abondante, à la voix mélodieuse célébrait tous les sentiments qui tissent la vie des hommes faite de joies et de peines.