La chanteuse Noura, décédée, hier, dans un hôpital parisien suite à une longue maladie, sera inhumée dans son pays natal, l'Algérie, a appris l'APS auprès de son époux, Kamel Hamadi. « Elle sera enterrée, pour exaucer son dernier vœu, parmi les siens au cimetière de Sidi Yahia, d'Alger », a précisé Kamel Hamadi, auteur-compositeur, qui a partagé plus de 55 ans de sa vie avec celle qu'il a accompagnée dans sa carrière artistique, depuis ses débuts dans les années 50. L'artiste était surtout connue et appréciée dans les années 60 et 70 où elle fut l'une des rares à obtenir, avec Slimane Azem, le Disque d'or pour avoir écoulé plus de un million de disques. Elle formait avec son époux, le compositeur et chanteur Kamel Hamadi, qui composa beaucoup de ses chansons, un duo artistique qui partagea la scène au pays et à l'étranger. Ils ont chanté « Atviv », « Widh Isyanan » ou « Rouh Rab Adhisshal ». Le timbre de sa voix donnait par ses répliques de la couleur et de la vigueur aux bluettes redécouvertes et passées depuis à la postérité. « Guelbi Tfakar » dans un succulent style oranais sur la pureté du terroir, duo avec le défunt Ahmed Wahbi portait la signature de l'époux. Nora était l'une des premières femmes à chanter en tamazight, notamment devant les souverains des pays arabes lors des semaines culturelles algériennes. Kamel Hamadi aimait raconter cette histoire où Nora, pour faire plaisir à des émigrés de Kabylie, se mit, juste après l'indépendance, à l'apprentissage du kabyle et revint quelques semaines après avec « Idhurar Nagh », hymne au Djurdjura martyrisé lors de la guerre de Libération. Un retrait progressif et la maladie l'ont éloignée des scènes et des studios depuis plus d'une vingtaine d'années. Elle fut toutefois honorée ces dernières années notamment par la Radio Chaîne II où elle était venue, se montrant à l'occasion très émue. A Tizi Ouzou, sa fille et son époux l'avaient représentée. A la salle Ibn-Zeydoun, en mars 2012, en présence de ses proches et de la ministre de la Culture, elle a entonné un couplet faisant revivre l'espace de quelques minutes l'âge d'or de la chanson algérienne. Elle excellait dans l'oranais comme dans « Ya Nass », son premier succès qui la révèle, en 1959 aux producteurs de Pathé Marconi, le sahraoui, le kabyle et les rythmes des Aurès. Dans « Biladi El Djazair », elle nous offre un voyage à travers tout le pays faisant se succéder les richesses et les airs de chaque région. Dans « Dhalamni », elle entonne son chant par les lamentos de la flûte que ne renierait pas Khelifi Ahmed. Elle a même chanté en français.