Outre l'ambassadeur d'Algérie en France, Amar Bendjama, et d'autres personnalités diplomatiques et consulaires, des artistes de la génération de Nora ont tenu, par leur présence, à lui rendre un vibrant hommage et à assister à la levée de son corps. De sombre vêtu, le chanteur Idir avait du mal à cacher son émotion. « C'était une femme de caractère. Elle est partie dans cette galère avec un handicap très lourd : comme elle était arabophone, il a fallu qu'elle fasse des efforts, qu'elle tende la main vers l'autre, ce qui n'est pas forcément évident », a-t-il témoigné. Pour l'interprète de Vava Inouva, la défunte a eu la « chance » d'avoir un mari (Kamel Hamadi) qui l'a « bien encadrée » car lui-même rompu à la musique. « C'est lui qui a fait d'elle la madone de la chanson algérienne », a-t-il soutenu, affirmant garder un « excellent » souvenir d'elle. Pour l'artiste, écrivain et parolier Ben Mohamed, l'Algérie perd en Nora un « modèle d'artiste ». « C'était quelqu'un qui venait, animait son spectacle et rentrait tout de suite chez elle. Au niveau du travail, c'était quelqu'un de très pointilleux sur la façon d'exercer son métier dont elle avait une haute idée », a-t-il dit. Pour Idir, Nora a quitté, précipitamment mais malgré elle, le milieu artistique pour des raisons de santé. « Elle avait encore des choses à apporter. D'ailleurs, j'avais demandé à son époux de lui faire quelque chose d'artistique à léguer pour la postérité, en même temps de l'aider à supporter sa maladie, mais en vain », a-t-il regretté, signalant que la défunte avait gardé, jusqu'à son dernier souffle, la pureté de sa voix. Safy Boutella s'est dit « très touché » par cette tragique disparition. L'artiste reconnaît que Nora avait « bercé » son enfance. Le grand maître du mandole et du châabi kabyle, Rachid Mesbahi, se souvient, lui, de ses premières rencontres avec la défunte à la fin des années 60. « C'est une grande femme que j'ai connue dans les années 1967-1968. C'était sur sollicitation de Kamel Hamadi que j'ai connu la vedette de l'époque et d'aujourd'hui même. C'était Madame Nora », se rappelle le guitariste. Il estime que la disparition de Nora est une « perte pour la chanson algérienne et un départ impromptu d'une artiste trilingue ». Le corps de la défunte sera rapatrié aujourd'hui en Algérie et son enterrement est prévu demain après la prière du D'hor au cimetière de Sidi Yahia, sur les hauteurs d'Alger.