Le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) et un représentant du gouvernement malien sont en conclave, depuis mardi dernier, à Nouakchott. Objectif de cette rencontre, selon Ammar Ould Mohamed Ould Outhmane, le coordinateur des relations entre le bureau militaire et le bureau politique au sein du MAA, cité par Alakhbar, un quotidien local : étudier le processus de paix et relancer le dialogue entre Bamako et les mouvements du Nord malien. Des représentants du Haut comité pour l'unité de l'Azawad et du Mouvement national de libération de l'Azawad auraient, selon la même source, rencontré le responsable malien à Ouagadougou, au Burkina Fasso. Précision d'Ould Outhmane, le représentant de Bamako n'est pas Modibo Keita, le haut représentant du chef de l'Etat dans le dialogue intermalien. « Nous récusons sa médiation », dit-il, plaidant pour la désignation du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, un « nom » que Bamako a récusé à cause de sa proximité avec les rebelles. Les trois mouvements du Nord doutent-ils de la bonne foi du gouvernement ? C'est le constat qui se dégage. D'autant qu'à ce « rejet » de Modibo Keita, ils ajoutent un souhait qui a valeur d'exigence. « Nous souhaitons que les négociations se fassent sur un terrain neutre, à l'exception d'un terrain belligérant. Or, jusqu'à preuve du contraire, nous sommes en belligérance avec le gouvernement du Mali, et le gouvernement du Mali ne peut pas nous imposer de nous asseoir avec lui à Bamako où il se sent en position de force, ni dans tout autre endroit au Mali où le gouvernement du Mali peut faire des pressions quelconques » répondait, récemment, Mossa Ag Attaher, un responsable du MNLA, à l'ex-Premier ministre, Moussa Mara, qui réclamait que « le processus de dialogue et de pourparlers inclusifs ait lieu, dans sa phase décisive, sur notre territoire au Mali ». A Bamako, tous les observateurs de la scène nord malienne ne doutent plus, depuis le passage d'Ould Abdel Aziz, le président mauritanien, à Kidal, d'une chose : le MNLA, le MAA et le HCUA auront, au moins, une autonomie renforcée. Pas seulement à Kidal, mais dans tout le Nord. « Des amis nous ont conseillés de ne pas demander l'indépendance de Kidal dans l'immédiat car elle ne serait pas acceptée par l'ONU. Par contre, elle viendra d'elle-même si, pour l'instant, nous nous contentons d'une large autonomie qui ne peut nous être refusée » laisse entendre Ould Outhmane. C'est dans cette perspective que le MNLA s'apprête à envoyer 160 cadres en formation en Suisse et en Belgique, dont certains dans l'hydraulique, car le MNLA songe à relier Kidal au fleuve Niger. « Sans eau, comment vivrions-nous ? » s'interrogent ses responsables.