Copernic et Galilée n'étaient pas footballeurs même s'ils avaient prouvé après, dit-on, Abu Al Rayhan Al Biruni, que la terre ressemblait à un ballon de football qui, lui, fête, dès aujourd'hui, son vingtième Mondial avec ses nombreuses stars révélées ou à naître sur cette terre de la magie qu'on prononce « Brazil ». On en rêve aussi. Mais nous n'en sommes pas les seuls. La terre s'arrêtera de tourner pour laisser le soin au Brazuca de « samber » du 12 juin au 13 juillet. Comme tous les « quatre ans » depuis 1930 malgré les pannes « explosives » provoquées par le furieux Hitler en 1938 et 1942. L'histoire du football mondial s'apprête à s'offrir un autre chapitre depuis le premier but (1930) du français Lucien Laurent contre le Mexique et le dernier de l'Espagnol Iniesta (2010) en finale contre la Hollande sur les terres de Mandela. Ce soir, le Brésil du roi Pelé (vainqueur de la Coupe du monde 1958 alors qu'il n'avait que 17 ans 8 mois et 4 jours) ouvre le « carnaval mondial du football » avec son nouveau prince Neymar contre la Croatie sur fond de défi mais surtout avec le « spectre » de la finale 1950 au Maracana. Aujourd'hui, le Mondial de foot se joue comme ceux des décennies passées mais avec d'autres tactiques et d'autres visées et intentions. Tout a presque changé, voire évolué, par le « doping financier ». Autres temps, autres tons. Des bateaux SS Conte Verde qui avaient chargé les équipes de France, de Belgique, de Roumanie et le MS Floride à vapeur réservé par la Roumanie pour atteindre l'Uruguay après une halte à Rio pour que le onze brésilien s'embarque (1930) aux vols spéciaux et cuisiniers-maison, les mondialistes, des trente dernières années sont passés de statut de joueurs à celui de « contractuels » avec leurs pays. Au donnant-donnant. On ne peut rien contre l'évolution. Tout se paye. « Même les ...devoirs ! », se désolent presque deux grands joueurs de générations proches, Assad, le rouquin virtuose algérien de 1982 et 1986, et le joker de luxe brésilien, Paolo Cesar Lima, dit Gaucho, champion du monde 1970 sous l'œil évasif de l'autre géant Amarildo (champion du monde 1958 et 1962). Simple « reminder » ou décalage des aspirations entre cuvées que le temps a ancré. On ne recule plus. Car, depuis les stades en tuf ou en gazon mal entretenu qui se « calvitient » après quelques labourages des joueurs en tenues « camisoles » et souliers godasses ou palladiums, le Mondial a changé. Le monde aussi. Nous sommes dans le foot haut de gamme avec un soulier de Messi ou de Christiano au prix à quatre chiffres en euros et un salaire mensuel de Neymar l'équivalent du pécule de trois ou quatre ans de ...Pelé. Le foot-art s'est vu broyé par le « foot-métier » de milliardaires bossant pour les billiardaires. Normal, puisque le ballon du Mondial (le cuir disait-on) des années 1930 à 1950 absorbant l'eau jusqu'à « se » doubler le poids et devenir « médecine ball » est à présent fabriqué en fibres et pourvu d'une puce électronique pour épouser les contours du soulier, les gestes et les variantes techniques ou programmés du joueur. Nous sommes déjà dans le foot playstation. On n'y peut rien contre la technologie et le pouvoir de l'argent toujours encore dominateur quitte à déshumaniser le football. Le robotiser. Avec l'appui des syndicats des joueurs et les conditions des « tycoons » et magnats des produits du foot (télévision, publicité), et, récemment, le « boostage » politique. Eh oui, ça joue comme ça ! Envers et contre tout un peuple, celui du Brésil, qui n'en veut plus de ce Mondial. Avouons que c'est un paradoxe pour un peuple nourri au foot qui affiche en hurlant, subitement, son rejet de cette fête, la plus célèbre du globe, depuis les crêtes de leurs favelas pour des échos sur le Maracana. C'est vrai que l'euphorie générale de l'accueil du Mondial a tourné à la déception par son coût passé à 11 milliards d'euros. De quoi faire des favellas des villes qui ne nécessitent pas la pacification. Sauf si Neymar, dès ce soir, donne le coup de folie d'un ballon « samba-tique » pour une sixième étoile. Sinon, ce sera tragique comme en 1950. En attendant, nos Feghouli et Djabou iront chercher un plus (+), c'est-à-dire un deuxième tour pour le dédier à Belloumi et Madjer. Dans un monde de 32 ambitieux.