Le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et celui de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, ont certifié qu'en Algérie, sur les 0,5% d'enfants qui travaillent, 39% ont plusde 16 ans. Ce sont les chiffres d'enquêtes menées par l'inspection du travail et la Direction de l'action sociale (DAS) en 2012 dans le cadre de l'application de la loi en matière de respect de l'âge légal au travail. Les chiffres ont été avancés par Mme Noria Meslem, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition feminine lors de son allocution à l'occasion de la cérémonie de célébration de la Journée mondiale contre le travail des enfants, tenue jeudi dernier au siège du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. « Les enfants doivent évoluer dans un environnement leur permettant de s'exprimer et de bénéficier de toutes les commodités nécessaires à leur développement moral et physique » a-t-elle rappelé. M. Mohamed El Ghazi, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, a signalé qu'aucun cas n'a été signalé en ce qui concerne l'existence des pires formes de travail des enfants selon le concept du droit international. « Le travail des enfants en Algérie enregistre un très faible taux », a-t-il rassuré. « Lorsque l'enfant consacre des heures à des activités rémunérées ou non, au détriment de sa scolarité et de ses loisirs, cette situation nous interpelle, car son temps doit rester exclusivement rattaché à son épanouissement et à son éducation » a-t-il poursuivi. Afin de renforcer les droits fondamentaux des enfants, le ministre a rappelé que l'Algérie a mis en place une stratégie globale impliquant différents secteurs concernés. « Notre système de protection sociale est basé sur un ensemble de mesures et de dispositifs pour assurer une couverture sociale complète incluant la population, particulièrement les enfants », a-t-il affirmé. « Le système prévoit la couverture sociale de l'assuré social, qu'il soit travailleur salarié, non salarié ou catégorie particulière, à travers l'octroi de prestations en nature de l'assurance maladie ». Un travail a été engagé au niveau national favorisant l'émergence d'un cadre de coordination et de concertation entre les différents départements ministériels, les partenaires sociaux et la société civile. « Une commission nationale intersectorielle de prévention et de lutte contre le travail des enfants a été mise en place, depuis 2003, pour la concrétisation des actions engagées », a précisé M. El Ghazi. « Les résultats enregistrés sont satisfaisants et nous encouragent à être plus persévérants, rendant l'Algérie plus digne de ses enfants », s'est il félicité. Nouria Benghebrit, ministre de l'Education nationale, a indiqué que « l'Algérie a établi un lien entre l'obligation de scolarité et l'âge légal au travail qui est de 16 ans. « Un réseau de formation professionnelle assez important peut orienter les enfants ayant connu l'échec scolaire vers des formations qualifiantes ». Dans le souci d'adopter des politiques d'emploi qui favorisent le travail décent, la ministre a rappelé qu'un effort considérable a été consenti par l'Etat qui a consacré tous les moyens pour la prise en charge des enfants. Elle citera le taux de scolarisation de 97%, la mise en place de cantines scolaires, le renforcement du transport scolaire, l'octroi de livres scolaires gratuitement en faveur des écoliers en première année, du trousseau scolaire et de la prime de 3.000 DA/mois octroyés aux enfants dont les familles ont un faible revenu. « Les enfants doivent s'épanouir et non subir les erreurs des adultes », dira-t-elle. Nourredine Bedoui, ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, a précisé que la mission de son secteur est la prise en charge de la formation des jeunes. « Il faut dénoncer le travail des enfants et favoriser la prise de conscience pour la promotion sociale et la lutte contre la précarité », a-t-il souligné. Selon lui, plusieurs dispositifs de formation professionnelle sont mis en place pour aider les jeunes à s'insérer convenablement dans le monde du travail. Il a rappelé que l'âge maximal pour travailler a fait l'objet d'un amendement. Selon lui, en 2013, plus de 202.000 jeunes ont été formés dont 91.224 filles. La même année, plus de 254.000 jeunes, dont 78.000 filles, ont bénéficié de contrats d'apprentissage, alors que 41.500 autres jeunes ont été formés à distance. Selon M. Bedoui, un dispositif de formation a été mis en œuvre en 2000 au profit des jeunes n'ayant pas atteint le niveau scolaire requis pour accéder à une formation professionnelle à travers une offre de formation adaptée regroupant 80 spécialités. Plus de 8.840 jeunes, dont 6.700 filles, ont été formés dans le cadre du dispositif de formation de proximité à travers des sections détachées en milieu rural et plus de 1.100 autres jeunes ont été formés dans le cadre du dispositif de la formation qualifiante. Plus de 37.400 jeunes, dont 1.560 filles, ont bénéficié de dispositifs particuliers et 5.300 autres jeunes, dont 3.000 filles n'ayant jamais été scolarisées, ont bénéficié d'une formation « Iqraa » dans le cadre de la lutte contre l'analphabétisme. « Tous ces dispositifs interviennent pour lutter contre le travail illégal des enfants innocents », a souligné le ministre. « Nous avons convenu, avec les organisations patronales, de signer, très prochainement, une convention interdisant le travail des enfants dans les entreprises privées nationales ou multinationales », a annoncé M. Abdelmadjid Sidi Said, secrétaire général de l' UGTA, lors de son intervention. Cette convention sera suivie par la mise en place d'une sanction envers tous les employeurs exploitant les enfants de moins de 16 ans, y compris ceux qui les font travailler au noir. « Faire travailler un enfant est une atteinte à son intégrité morale », a-t-il précisé. « C'est un phénomène mondial qui nous interpelle », a-t-il ajouté. Le même responsable a recommandé à l'assistance de réfléchir communément à des solutions permettant d'atténuer le mal des familles au revenu aléatoire. Selon M. Thomas Davin, représentant de l'Unicef en Algérie, « l'Algérie travaille beaucoup sur la question à travers différents secteurs ministériels et le mouvement associatif pour écarter ce danger ». « L'effort des enfants a des répercussions négatives et le sujet lui-même se sent marginalisé par rapport aux enfants de son âge », a-t-il ajouté. L'Algérie verra, prochainement, le lancement d'une enquête au niveau des ménages pour relever les zones les plus touchées par le phénomène du travail des enfants. M. Davin a révélé que 4,7% des enfants algériens travaillent parallèlement à leur cours ». « C'est rassurant quelque part de voir que ces derniers n'ont pas quitté l'école », a-t-il ajouté.