Le terrorisme, couvé à l'aune de la manipulation et de la perversion des valeurs démocratiques et humanitaires, frappe dans le « free Iraqi » des mystifications qui font de l'EIIL le grand allié en Syrie et le pire ennemi en Irak. La marche victorieuse, amorcée depuis la prise, en janvier dernier, du gouvernement d'El Anbar et de la ville mythique de Falloujah, consacre une emprise totale sur toute la zone à cheval entre le nord-est de la Syrie et le nord-ouest de l'Irak, créant une sorte de continuum dans cet espace géographique à forte implantation sunnite. Le nouveau sanctuaire connaît son apogée à la faveur d'une offensive lancée depuis mardi dernier. En 24 heures, l'EIIL a conquis, au Nord, Kirkouk, Mossoul, bordée de champs pétroliers, et sa province Ninive, Tikrit (Centre) et les provinces de Dilyala (Est). Elle tente de forcer le passage par Baqouba (60 km de Bagdad), le chef-lieu de Diyala, où elle affronte, à la périphérie de Mouqdadiyah, les forces irakiennes pour prendre en étau la capitale. A l'appel de l'un des dirigeants de l'EIIL appelant à « marcher sur Bagdad », ses combattants avancent sur trois axes. Soit Al Anbar à l'Ouest, Salaheddine au Nord et Diyala à l'Est. Aux portes de Bagdad, le terrorisme représente une épreuve décisive pour le régime de Maliki fragilisé par le lâchage de ses alliés de la coalition de Moktada Sadr et de la coalition des citoyens de Ammar Al Hakim et discrédité par son impuissance à répondre au défi de l'EIIL. Tout en appelant à la constitution des milices civiles, le gouvernement annonce un plan de défense de Bagdad, prévoyant un « déploiement massif de forces de sécurité, un renforcement du renseignement, un plus grand recours aux moyens techniques en plus d'une plus grande concertation avec les chefs militaires dans les autres provinces ». Mais l'état délétère des soldats au moral en berne et battant en retraite nourrit les pires inquiétudes. Washington se dit prête à « toutes les options » pour combattre la menace terroriste régionale. Si l'option de l'envoi des troupes au sol est exclue, le secrétaire d'Etat, John Kerry, a précisé que des « décisions opportunes » ont été prises par Obama, notamment en matière de surveillance aérienne. Il a exhorté les dirigeants politiques irakiens à se « montrer unis » pour lutter efficacement contre un « ennemi brutal ». Lors d'une conférence de presse à Londres, il a affirmé qu'« il ne faut pas permettre que des divisions politiques basées sur des différences ethniques ou religieuses volent au peuple irakien ce qui a suscité tant de sacrifices ces dernières années ». Face au « danger qui dépasse les frontières », l'Iran se déclare déterminé à mettre en échec la progression de l'EIIL. Le président Hassan Rohani a signifié clairement que Téhéran ne « permettra pas aux soutiens du terrorisme de déstabiliser l'Irak et d'y répandre le terrorisme ».