Surtout sur la ligne Mossoul, Kirkouk-Tikrit. L'EIIl, qui contrôle depuis janvier la ville de Falloujah, à l'ouest de Bagdad, et une grande partie de la province d'el-Anbar, a pris, mardi dernier, le contrôle de la province de Ninive et Mossoul, son chef-lieu et deuxième ville du pays. Le groupe affilié à al-Qaïda menace de lancer d'autres attaques, notamment sur Kirkouk et Salaheddine. Les analystes se demandent si l'EIIL qui contrôle en Syrie une grande partie de la province pétrolière de Deir Ezzor, frontalière de l'Irak, ne cherche pas une unité territoriale. « Ce terrorisme menace la paix et la sécurité dans la région et le monde », a déclaré le ministère syrien des Affaires étrangères, appelant le Conseil de sécurité à « prendre des décisions claires » et à « agir contre les pays soutenant ces groupes ». Impuissants, les Irakiens, qui constatent de visu l'abandon du terrain aux djihadistes par les policiers et les militaires, prennent la fuite en direction du Kurdistan. 500.000 personnes auraient quitté Ninive. Certains experts estiment que l'avenir du gouvernement irakien dépend de l'implication du PKK ou du PDK qui ont l'habitude des combats. « Si les Kurdes décident de se battre, la donne peut être changée. Dans le cas contraire, ce sont la Syrie, le Liban, l'Irak, la Turquie, voire les pays du Golfe qui seront en danger », préviennent-ils. Nouri Al-Maliki, le Premier ministre, qui a lancé mardi un appel à l'aide internationale contre le « terrorisme », demandera, aujourd'hui, au Parlement de décréter l'état d'urgence et de l'autoriser à armer les citoyens qui se porteraient volontaires pour combattre cette « insurrection » à laquelle se seraient greffés les « conseils militaires révolutionnaires » (chefs de tribus sunnites et anciens officiers de l'armée de Saddam Hussein). Damas, qui estime que « le terrorisme soutenu par l'étranger auquel fait face l'Irak est le même qui sévit en Syrie », offre son aide à Bagdad. Moqtada Sadr, le dirigeant chiite, appelle à la formation de brigades pour défendre les sites religieux. « Nous suivons la situation de près », déclare Jenfier Psaki, porte-parole du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, appelant à « une réaction ferme et coordonnée pour repousser cette agression » et « réduire les capacités de l'EIIL » qui « menace la stabilité de toute la région ». Des voix s'élèvent à Bagdad pour demander au gouvernement al Maliki de démissionner au profit d'un cabinet d'union nationale où tous les dirigeants politiques présenteraient un front uni face aux menaces qui pèsent sur l'Irak. Kirk Sowell, rédacteur en chef d'une revue spécialisée dans la politique irakienne, préconise une meilleure formation des troupes, la fin des campagnes d'arrestation d'innocents et du jeu des chaises musicales à la tête des Forces armées.