« Faites une vraie enquête fondée sur des preuves, quand elle sera publiée, je vais vous en remercier. Dans ce domaine, il n'y a pas de garde-fous, y compris pour la presse publique », a déclaré, jeudi, le ministre de la Communication, Hamid Grine, aux journalistes, en marge de la conférence-débat organisée au Palais de la culture et animée par le journaliste et écrivain français Pierre Péan sur le « journalisme d'investigation ». Le ministre de la Communication a souligné que le journalisme d'investigation n'existe pas en Algérie. « Seuls deux ou trois journalistes travaillent dans ce créneau. » La raison ? « L'exercice du journalisme d'investigation est soumis à plusieurs conditions, en premier lieu le journaliste doit être formé, rassuré sur les plans financier et social et doit disposer de moyens pour mener son enquête », a estimé Grine, qui a constaté l'impatience des journalistes au travers de leurs écrits. « Une enquête ne peut pas être réalisée dans un délai court. En outre, le journaliste est un témoin, il ne doit pas juger. Le problème de la presse algérienne est que certains titres sont toujours en quête d'un scoop alors qu'ils ne disposent pas, dans la plupart des cas, de preuves suffisantes de ce qu'ils avancent. Il s'agit de jugements de valeur loin d'un travail d'investigation », a-t-il noté. Toutefois, le ministre a signalé qu'un journaliste qui écrit trois à quatre articles par jour ne peut faire dans l'investigation. A une question de savoir s'il y a une ligne rouge à ne pas franchir lors d'une enquête dans la presse publique, Grine a affirmé qu'il n'existe pas de garde-fous pour tous les médias. « La seule ligne rouge est votre conscience. Si vous avez un seul doute, ne publiez pas votre enquête. Revenez au message du président de la République à l'occasion de la Journée internationale de la presse, regardez la vérité de l'autre », a-t-il soutenu. Le ministre est revenu également sur le rôle de la formation des journalistes. Il a rappelé que l'objectif de ces conférences est de permettre aux journalistes algériens d'atteindre le professionnalisme. Interrogé sur l'installation du conseil de déontologie et de l'autorité de régulation de la presse écrite et celle de l'audiovisuel, le ministre a réaffirmé que seule l'identification du journaliste professionnel permettra leur réalisation.