Levée de boucliers à Juba, la capitale du Sud Soudan, qui s'apprête à aller le même jour aux urnes pour dire si elle veut le maintien de l'unité du Soudan ou la sécession. « Le référendum ne peut pas être reporté. Il doit se tenir à la date prévue. Personne à Abyei ne l'acceptera, c'est inacceptable », déclare Deng Arop Kuol, l'administrateur en chef d'Abyei. Comme Salva Kiir, le président du Sud Soudan, il n'exclut pas la possibilité pour sa région d' « organiser son propre référendum » et d'« inviter la communauté internationale à le surveiller ». « Nous nous sommes mis d'accord sur le fait qu'il n'était pas possible de tenir le référendum à Abyei le 9 janvier », affirme dans un point de presse à Khartoum, Al-Dirdiri Mohammed Ahmed, le responsable de la question d'Abyei au Parti du congrès national. Raison avancée par le responsable soudanais qui a participé pendant neuf jours à Addis-Abeba à des négociations, sous l'égide de l'Ethiopie et des Etats-Unis, avec le Mouvement de libération du peuple du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes) sur le statut d'Abyei pour expliquer ce report : « le problème d'identification des critères d'éligibilité des électeurs ». « En dépit de sérieux efforts et de nombreuses discussions productives, elles n'ont pas pu trouver d'accord sur les critères d'éligibilité pour les électeurs pour le référendum de la zone d'Abyei », peut-on lire dans le communiqué des deux parties qui « ont accepté d'examiner (la question) d'Abyei dans le contexte d'une approche plus large et plus globale et « dans le cadre des arrangements » post-référendum annonçant une prochaine réunion « le 27 octobre en Ethiopie » pour trouver les moyens d'éviter un échec susceptible de remettre en cause l'ensemble du processus de paix qui a mis fin en 2005 à plusieurs décennies de guerre civile. Ngok Dinka, une tribu sudiste, et les Messiriya, une tribu nomade arabe nordiste, sont deux des principaux points de discorde. La loi sur le référendum, approuvée en 2009 par le Parlement, accorde le droit de vote à la tribu sudiste mais ne mentionne pas explicitement les Messiriya qui menacent de commettre des actes de violence s'ils n'obtiennent pas le droit de vote. Autres problèmes à résoudre après un accord politique sur les enjeux : la démarcation effective des frontières d'Abyei et la composition de la commission chargée d'organiser le référendum local. Selon Jalal Yousif al Dagir, le ministre soudanais de la Coopération, le gouvernement envisage de reporter le scrutin de quatre mois ou plus. Les Etats-Unis qui sont revenus en force dans le dossier soudanais qui sent le pétrole-« la question du Soudan est l'une de nos priorités », affirmait jeudi Barack Obama-estiment que les deux référendums, celui d'Abyei et celui au Sud-Soudan, doivent se tenir concomitamment, à la date prévue. Même la délégation de l'ONU, qui s'est rendue la semaine passée au Soudan, souhaite le maintien des deux scrutins à la date prévue par l'accord de paix global (CPA) de 2005 qui a mis fin à deux décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud. Comme pour forcer la main à Khartoum, des Casques bleus seront déployés le long de la frontière entre le Nord et le Sud pour empêcher d'éventuelles violences.