Téhéran renouvelle son offre de service destinée à établir, au nom de la lutte commune contre la menace croissante de l'EI (Etat islamique), une coopération avec son meilleur ennemi américain. Plus de trois semaines après la sortie remarquée du président iranien Hassan Rohani, annonçant une aide militaire à l'Irak et tentant un rapprochement avec les Etats-Unis, l'ancien Président Akbar Hachemi Rafsandjani confirme la volonté iranienne de concrétiser sans tarder le projet de coopération. Le feu est en la demeure irakienne ébranlée par l'enlisement de la crise politique, vécue par les Irakiens comme une « trahison nationale », et l'impuissance de l'armée à faire face au défi de l'EI, en dépit notamment de la livraison des avions de combat par Moscou et la présence des conseillers militaires américains. La main tendue iranienne participe, aux yeux de Rafsandjani, de la perception partagée des enjeux irakiens. « Nous partageons avec les Etats-Unis les mêmes problèmes (concernant l'Irak). Il n'y a pas d'obstacle à notre coopération. Nous coopérerons si nécessaire », a-t-il déclaré dans un entretien accordé au quotidien japonais « Asahi Shimbun ». Les domaines sont répertoriés. Il s'agit du « partage d'informations et d'expérience, le soutien mutuel en termes de finances et de technologies ». Le président du Conseil de discernement et conseiller du guide de la révolution en politique nationale, balayant les « différences politiques », pose les bases d'une coalition jusque-là circonscrite au partenariat irano-russe. Des signes de convergence ont été relevés lors des « brèves discussions » de Genève, entamées à la mi-juin en marge des négociations sur le programme nucléaire. Le 16 juin, le secrétaire d'Etat John Kerry a déclaré : « Je n'exclurai rien qui puisse être constructif. » Au stade exploratoire, la coopération irano-américaine peut devenir une réalité concrète. « L'avenir nous dira si nous voulons continuer à parler avec l'Iran sur l'Irak », a commenté la porte-parole de la diplomatie américaine, Marie Harf, excluant toute coordination des actions militaires. Affaibli par les sanctions internationales draconiennes, Téhéran est également tenaillé par le péril de désagrégation de l'Irak clairement exprimé par le projet d'indépendance kurde qualifié par le vice-ministre des Affaires étrangères, Hussein Amir Abdullahian, de « manœuvre sioniste ». L'effet dominos inquiète les pays de la région qui ont dénoncé aussi cet « Etat » annoncé. « Dans tout le Proche-Orient, commente le consultant du parti Saadet, chargé des affaires étrangères, ex-député du parlement turc, docteur ès sciences politiques et chef de la chaire des relations internationales de l'université Ufuk à Ankara, l'ordre sera perturbé. »