L'on dit que c'est la plus belle des mosquées de Constantine. Pourtant de l'extérieur, cet édifice passe presque inaperçue et seule son annexe, la Médersa, est ouverte aujourd'hui. Les habitants de la vieille ville connaissent tous cette mosquée et vous diront tous : « Elle abrite le tombeau d'un bey connu ». El Ketanya est l'œuvre du plus connu des beys de Constantine « le bey des beys » comme on l'appelle : Salah Bey (1725-1792). Un bey qui a transformé la ville, et la population l'aimait pour sa bravoure et ses réformes, n'oublions pas que selon la légende, la Mlaya (ce haïk noir) fut portée par les femmes en signe de deuil lorsque le bey mourut tragiquement. Au début de son règne vers l'an 1771, Salah Bey lança un vaste plan d'aménagement de la ville, il y fit construire des mosquées, des medersas ou encore des marchés. La mosquée El Ketanya est quant elle achevée en 1776. Située en plein cœur de la vieille ville, près de Souk El Asr (actuelle rue Bouhali Saïd), la mosquée occupe une surface bâtie de 600 m2. Elle fut bâtie sur d'anciennes constructions (petites maisons et une mosquée) de styles et d'époques ottoman et romain. L'ancienne mosquée contenait également le tombeau du marabout Sidi El Kettani. Les architectes préserveront quelques aspects originaux des anciennes bâtisses comme les murs porteurs en pierres ou toiture en tuile posée sur une charpente en bois. Salah Bey n'hésitera pas à faire appel à des ouvriers italiens pour les finitions intérieures. La salle de prière est rectangulaire et surélevée, et se divise en nefs parallèles au mur de la Qibla et dont le mur est soutenu par des coupoles. Cette grande salle est éclairée par de grands lustres de cristal, et l'ensemble des murs est orné d'une belle faïence italienne. Le mirhab est constitué d'un seul et gros bloc massif, de marbre polychrome italien, un véritable petit bijou qui, dit-on, a failli être déplacé à la mosquée Emir Abdelkader lorsqu'elle était en chantier dans les années 1970. Les colonnes sont également en marbre, tout comme le minaret de 30 mètres. Salah Bey qui a déjà marqué fortement de son empreinte architecturale la ville de Constantine, annexera à la mosquée Ketaniya, une medersa qui servira à l'enseignement supérieur. Salah Bey décide aussi d'ajouter un autre espace pour placer son propre tombeau et ceux de sa famille. Les colons français ont apporté quelques modifications à l'ensemble du bâtiment, surtout la Medersa. Aujourd'hui, la mosquée est fermée au public, les tombeaux du Bey et de sa famille sont toujours là, tout comme la magnifique faïence ou le minbar. A l'occasion de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 », une vaste opération de réhabilitation est lancée depuis avril dernier, et qui devrait se terminer l'an prochain. Les Constantinois attendent avec impatience l'ouverture de sa magnifique salle de prière.