Si les prix des légumes sont plus ou moins abordables, ceux des fruits sont loin d'être à la portée des petites bourses. Ils coûtent de plus en plus cher. C'est le constat fait hier par Akli Moussouni, expert en matière de développement agricole, lors d'une une conférence de presse à Alger. A ce constat s'ajoute la disparition progressive du patrimoine végétal fruitier. Une situation engendrée par le manque d'entretien et de fertilisation des sols. Ce qui explique, selon lui, la rareté des fruits du terroir comme la pêche blanche de Béni Mansour, la bergamote, la grenade, la figue sèche, l'abricot de Messaâd, la pêche m'tebag de Laghouat, la prune d'Aflou, l'abricot (par manque d'unités de transformation), la mandarine (clémentine), pour ne citer que ces exemples. En tout, 80 variétés n'existent plus. Sur le plan économique, Moussouni a indiqué que cette filière « n'échappe pas au contexte déficitaire ». Conséquence : le marché des fruits est couvert à hauteur de 30% par les importations, affirme le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algérien, Hadj-Tahar Boulenouar. Et comme dans un cercle vicieux, « les importations bloquent la production », a signalé le président de la Commission nationale des mandataires des fruits et légumes, Mohamed Medjbar. « A titre d'exemple, nous trouvons sur le marché des pommes importées qui ont été stockées dans des chambres froides depuis le mois d'octobre alors que notre production est de bonne qualité et largement suffisante pour couvrir les besoins du marché national », explique-t-il. L'autre problème soulevé est la faiblesse de l'industrie de transformation. A titre indicatif, Moussouni a cité le cas de l'industrie des boissons, soulignant que « sans le développement de l'agriculture fruitière, il serait impossible de développer ce secteur ». Il va sans dire que cette « filière va subir prochainement la concurrence du marché international, sachant que l'Algérie est appelée à procéder au démantèlement tarifaire en 2017 conformément à ses engagement dans le cadre de l'accord d'association avec l'Union européenne ». Moussouni soutient que la « résolution de cette problématique relève du contexte général de l'agriculture algérienne qui nécessite une restructuration générale ». Il a, dans ce cadre, préconisé l'établissement d'un listing des fruits traditionnels et l'évaluation des possibilités de son redéploiement. Comme il a souligné la nécessité de mettre en place de nouvelles politiques agricoles basées sur des mécanismes d'incitation. « Pour diversifier la production, il est impératif, a-t-il dit, de créer un secteur d'alimentation de l'industrie de transformation et de dégager un quota de production destiné à l'exportation dans le cadre de la diversification de l'économie hors hydrocarbures ».