Le président Mahmoud Abbas a appelé la communauté internationale à « placer la Palestine sous protection internationale ». Cet appel, lancé aussi par les organisations humanitaires pour prévenir un nouveau génocide à Ghaza n'a pas la moindre chance d'être écouté. Un vœu pieux ? Oui si l'on juge la forfaiture du « monde libre », hanté par le chantage à l'holocauste, l'impuissance onusienne et la léthargie de la ligue arabe vouée corps et âme au « printemps arabe » de toutes les dérives. L'impunité faisant son œuvre, Israël peut à loisir se consacrer à l'invasion de Ghaza pilonnée et cernée de colonnes de chars avec près de 65.000 réservistes mobilisé pour l'assaut terrestre. Des dizaines de milliers de Palestiniens en fuite vers ce nulle part imposé par le blocus et la fermeture de Rafah paient le prix lourd du projet colonial de dépossession et d'extermination massive. Ces scènes tragiques rappellent toute l'histoire de la Palestine spoliée dont les 4 à 5 millions d ́habitants ont été réduits à la condition de réfugiés au Liban, en Syrie et en Jordanie où ils « vivent » depuis 65 ans de la charité internationale. Cette assistance humanitaire, accompagnée des bonnes déclarations politiques en faveur de la création d ́un Etat palestinien, donne-t-elle bonne conscience à la communauté internationale qui est, il faut aussi le rappeler, à l ́origine de la tragédie du peuple palestinien ? A l ́origine, ce sont les Nations unies qui ont procédé en 1947 au scandaleux partage de la Palestine, territoire sous mandat britannique, octroyant la part du lion à Israël. L ́Etat sioniste poursuivra dans l ́impunité totale sa politique de spoliation de ce qui restait de la Cisjordanie dont plus de 60% est peuplée aujourd ́hui de colonies juives. Cette configuration coloniale vise un seul objectif : interrompre définitivement la continuité du territoire palestinien et rendre impossible le retour aux frontières d ́avant-la guerre de juin 1967. La communauté internationale n ́ignore pas ce plan qui est à la base du conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens ont moins besoin de la « compassion » des puissances occidentales, les alliés naturels de l ́Etat sioniste pour être auteurs et complices de la spoliation de la Palestine, que d ́une prise de responsabilité internationale ferme et déterminée. Ces mêmes puissances, qui ont donné à Israël les armes dont ne sont pas dotées la plupart des armées de l ́Otan, avancent l'hypocrite argument de la « sécurité d'Israël » et de son « droit à se défendre » des roquettes lancées par l'« organisation terroriste » Hamas contre son territoire. On ne peut pas faire mieux en diplomatie du diable en présentant le bourreau en victime. Qui occupe le territoire de l ́autre ? Qui refuse l ́autre ? Qui se livre au massacre des civils ? Qui viole la légalité internationale ? Qui lui procure les armes les plus sophistiquées pour mener sa politique génocidaire jusqu ́au bout ? Qui l ́encourage à piétiner les résolutions du Conseil de sécurité sur le conflit du Proche-Orient ? A ces questions, il ne faut pas espérer de réponses. La réponse, c ́est ce silence complice autour du refus de s ́acquitter de ses obligations internationales envers un peuple en danger de mort auquel le droit international reconnaît, pourtant, le droit de prendre les armes pour se défendre. En plus, et c ́est là toute la question du moment, le peuple palestinien est en droit de réclamer assistance internationale parce qu ́il est en danger de mort. C ́est le devoir du Conseil de sécurité de l ́ONU, organisme investi de la responsabilité internationale de lui apporter assistance. Cette obligation d ́intervention ne s ́est-elle pas d ́ailleurs matérialisée en Irak ou en Libye sous le fallacieux prétexte de porter secours à des peuples en danger ? Cette action n ́a-t-elle pas été réclamée pour la Syrie ? En vérité, la responsabilité internationale est appliquée quand il y a constat de menace non pas contre la vie d ́un peuple, à plus forte raison s ́il est arabe ou musulman, mais pour sauvegarder les intérêts géostratégiques et énergétiques des puissances impérialistes dans le monde arabe. La Palestine peut attendre ses Casques bleus au niveau de la ligne de l ́armistice de 1947. Ce qu ́a réclamé le défunt Yasser Arafat, il est peu probable que Mahmoud Abbas l ́obtienne d ́une communauté internationale sourde à ses propres principes, même sous la pression des courageux partisans de la cause palestinienne, très nombreux et très actifs à travers le monde entier. Les Nations unies doivent songer sans délai à réparer l ́une des pires injustices qu ́un peuple ait subie en leur nom. Concrètement, il s ́agit, comme le réclame le président Mahmoud Abbas, de protéger le peuple palestinien d ́un nouveau génocide afin de pouvoir aller vers une solution définitive du conflit israélo-palestinien. La communauté internationale est-elle en mesure de s ́engager à fond dans cette voie ? Peut-elle contraindre Israël à renoncer à sa politique de colonisation, d ́expansion et de génocide en Palestine ? En attendant que la communauté internationale prenne sérieusement ses responsabilités envers le peuple palestinien, les mouvements Hamas et Djihad islamique n ́auront d ́autre choix que de se défendre que par les tirs de roquettes qui ont au moins le mérite de semer la panique chez l ́ennemi sioniste.