Le cessez-le-feu est en vigueur entre Hamas et Israël, mais pour combien de temps ? Ce n´est pas la première fois qu´Israël bombarde massivement la ville palestinienne, massacrant le nombre le plus élevé de civils au motif de se défendre contre les tirs de roquettes lancées depuis la bande de Ghaza. Elle l´a déjà fait avec une sauvagerie inédite depuis l´expropriation de la Palestine en 1947 avec les complicités de l´Onu en décembre 2009, avant de finir par observer la trêve arrachée sous les pressions internationales. Et maintenant ? Maintenant que le calme est revenu dans la région au prix de vies humaines écrasées par dizaines sous des tonnes de bombes israéliennes, la question se pose si, une nouvelle fois, la communauté internationale va se contenter de ce cessez-le-feu, en oubliant le fond du problème israélo-palestinien. La poursuite de la judaïsation de la Cisjordanie et la démolition de la partie est d´Al Qods pour l´annexer durablement à l´Etat d´Israël. Faut-il attendre que le désespoir de la population de Ghaza se manifeste à nouveau pour réagir face à la colonisation de ce qui reste de la Palestine, en se limitant à «déplorer» les provocations criminelles de l´Etat hébreu. C´est précisément parce que la communauté internationale a fermé les yeux sur la question de fond du problème palestinien, et ne l´oublions pas, l´annexion du Golan, que la situation restera ce qu´elle est aujourd´hui. Un crime impuni, un peuple désespéré, et comme la nature a horreur du vide, le danger d´une déflagration régionale où, désormais, les Israéliens aussi devront payer la facture de la spirale de violence dont seul est responsable Benyamin Netanyahou avec la complicité de ses amis. Les amis d´Israël Ces amis sont en général les pays occidentaux avec en tête du peloton les Etats-Unis. C´est cette puissance militaire, à la fois pyromane, pompier et gendarme de la planète qui soutient, avec armes et finances, les opérations militaires d´Israël contre les Palestiniens et encourage la colonisation de leurs territoires. C´est Washington qui met systématiquement son veto depuis 1967 à toutes les initiatives de paix engagées au Conseil de sécurité de l´Onu. C´est toujours la Maison Blanche qui s´oppose au moindre des compromis que le président Mahmoud Abbas a acceptés pour donner sa chance au processus de paix avec les Israéliens. Le 29 novembre prochain à New York, le président Mahmoud Abbas soumettra son projet de statut d´observateur de la Palestine au vote aux 193 membres de l´Onu. Même ce minimum de reconnaissance politique, non juridique, du futur Etat palestinien, les Etats-Unis n´en veulent pas. Que demande Barack Obama en échange de cette formule, pourtant suggérée par Nicolas Sarkozy pour différer le projet de statut d´Etat palestinien membre à part entière à l´Onu que Mahmoud Abbas avait lancée en septembre 2011 à New York ? Les mains libres Des négociations entre Netanyahu et Abbas sur la création du futur Etat palestinien, le Président américain n´avait pas accompagné sa proposition de la condition minimum du gel des implantations juives en Palestine. Netanyahu se voit donc investi totalement du droit de fixer les frontières de l´Etat palestinien et de faire des aborigènes arabes des immigrés en sursis dans l´«Etat juif» dont il réclame la reconnaissance par Mahmoud Abbas. Avant le 6 novembre, on pouvait le comprendre, Obama n´avait pas les mains libres pour tenir ses promesses du Caire au début de son premier mandat. Réélu pour un second et dernier mandat, il peut imposer à Netanyahou ce minimum qui est le gel des colonies juives en Cisjordanie et à l´est d´Al Qods. Le fera-t-il ? C´est tout ce qu´attend de lui la communauté internationale avant que la situation ne dégénère de nouveau au Proche-Orient. Aujourd´hui, il y a comme un avant et un après Ghaza. Ni les pays occidentaux surmotivés par la poursuite du printemps arabe, ni les Etats-Unis en particulier, ne peuvent plus faire comme si la création de l´Etat palestinien n´était pas la priorité. La question palestinienne vient de déloger le conflit afghan, le dossier nucléaire iranien, la crise syrienne et le Mali. Après une pause dans la gestion du dossier du Proche-Orient pour d´évidentes raisons électorales, Obama n´a plus d´excuses pour reporter à plus tard l´examen de la question palestinienne. Parce que demain ce sera peut-être trop tard.