Pour éviter une quelconque défiguration, l'allée commerciale est située au cœur du ksar. Tous les équipements socio-éducatifs sont intégrés dans la cité qui comporte deux écoles coraniques publiques, une mosquée, des sièges des associations, des salles omnisports, un terrain de foot, une salle de conférence, une bibliothèque verte, un musée du Sahara, un laboratoire, une chèvrerie, un mini-zoo, et une basse-cour. Le tout est clôturé par une ceinture verte (éco-parc) où des espaces verts, des aires de jeux donnent une gaîté particulière à la cité. Le bordj du Ksar est un élément repère de l'urbanisme du M'zab. Ayant été utilisé par le passé pour des raisons sécuritaires, le fort de Tafilalt donne sur une vue splendide qui domine toute la vallée et permet ainsi de contrôler le mouvement de l'oued. S'ajoute à ce décor idyllique, l'air frais des hauteurs qui circule dans tous les couloirs de la cité. Une fois sur place, le visiteur est impressionné par le calme qui y règne. Ici, rien ne vient perturber la quiétude de cette cité nommée la perle de la vallée du M'zab. S'inspirer du passé pour mieux évoluer La conception du projet est principalement inspiré de l'ancienne architecture des ksour du M'zab. Tafilalt a été également conçu pour répondre aux besoins de développement durable et à la nécessité de préserver les valeurs sociales de cette société traditionnelle. « La promiscuité dont souffrent les habitants du ksar de Béni Izguen a failli sacrifier les espaces situés à proximité. Tafilalt a été créé pour sauver la palmeraie de Béni Izguen et pour perpétuer le modèle social et culturel de la population mozabite qui donne une importance capitale à l'éducation des futures générations », commente Moussa Amara, directeur technique du projet. La vie à l'intérieur de cette nouvelle cité est réglementée. Dans la journée, les enfants sont à l'école ou à la maison. C'est en fin d'après-midi et durant les week-ends qu'ils sortent avec leurs parents pour se promener dans les différents espaces qui leur sont réservés. Le système de gardiennage mis en place implique les habitants puisque chaque famille est tenue d'assurer la surveillance de la cité une semaine durant. Impliquer les habitants et préserver les valeurs sociales Les Mozabites ont prévu le tri sélectif. Des formations ont été dispensées aux résidants sur les techniques de tri des ordures pour participer à la gestion des déchets ménagers. Une réflexion est menée actuellement pour le développement de mini-stations de traitement des eaux usées à base de végétation (phyto-épuration). Le must dans la protection de l'environnement. Il est également prévu de doter la cité d'un système d'éclairage par panneaux solaires afin de classer ce ksar comme cité intelligente. L'organisation en vigueur a permis à cette cité d'être classée deuxième au niveau national en termes de propreté. Le mouvement associatif y est très actif à travers la tenue de plusieurs activités dans divers domaines. Le ksar comporte trois types d'appartements, grands, moyens et petits. A l'intérieur, au rez-de-chaussée, le centre de la maison (wast edar) assure une connexion entre toutes les pièces et les étages. En plus des chambres des parents et des enfants, on trouve tisfri, ou le petit salon familial, et la cour intérieure. Une petite fenêtre avec des barreaux est ouverte pour l'aération de l'étage. « La maison doit disposer des conditions de vie sociale. Toutes les pièces sont connectées pour qu'il n'y ait pas de rupture entre les membres de la famille. Chez nous, c'est un élément fondamental pour l'équilibre familial et la bonne éducation des enfants », explique Amara. Les étages supérieurs comportent les chambres et les salons. La maison consacre de grands espaces pour la femme afin de lui permettre d'assurer toutes les tâches dans les meilleures conditions. Ainsi, en plus de la cuisine du premier étage, des espaces pour laver le linge, faire le tissage, et préparer à manger se trouvent dans le dernier palier. Une petite ouverture est faite au sommet pour lui permettre de voir la personne qui frappe à la porte. Un modèle à généraliser A caractère social, ksar Tafilalt a été conçu et réalisé par l'architecte Nouh de l'association Amidoul. Le ksar comporte 1.050 maisons de type saharien. Il a été entamé en 1997 et achevé en 2011. « La réalisation de ce ksar est intervenue dans le cadre de la résorption de la crise du logement que connaît la région depuis les années 1970 », explique Amara. Les maisons sont destinées à la classe moyenne. Pour cela, un mécanisme de financement a été arrêté qui prend en considération les capacités de payement des bénéficiaires qui versent entre 10 et 15 millions de centimes comme apport personnel. En plus de l'aide de l'Etat estimée à l'époque à 500 millions de centimes, les bénéficiaires versent le reste du prix du logement en plusieurs tranches et à chaque fois qu'ils en ont la possibilité. « C'est une façon d'inciter les gens à faire des efforts pour payer vite leur logement afin de l'occuper », explique le directeur technique. Le traitement des dossiers se fait par les commissions de l'association. La pierre et le ciment sont les seuls matériaux utilisés en raison des nombreux avantages qu'ils offrent pour les régions sahariennes. La distribution des logements s'est faite dans une transparence totale et lors d'une cérémonie officielle avec tirage au sort. Tafilalt constitue la fierté des habitants du M'zab qui ont exprimé le souhait d'élargir ce modèle dans cette ville pour régler le problème de logement que connaît la région.